20 Minutes (Nantes)

Avec Naomi Osaka, le circuit féminin tient sa patronne

La Japonaise est en passe de devenir la nouvelle icône du circuit féminin

- Aymeric Le Gall

En voyant Serena Williams quitter la salle de presse de la Rod Laver Arena de Melbourne en pleurs, jeudi, après sa défaite à l’Open d’Australie contre Naomi Osaka, on a senti comme une passation de pouvoirs entre les deux femmes. L’ancienne pro Camille Pin valide notre théorie : « C’est presque comme si Serena avait attendu qu’Osaka soit arrivée à maturité pour y aller. »

Car, jeudi, lors de la demi-finale entre l’idole sur le déclin et sa fan no 1 qui monte, il n’y a pas eu photo. « Autant Serena a marché sur Sabalenka et Halep aux tours précédents, autant, contre Osaka, elle n’a pas fait le poids », poursuit l’ancienne joueuse. A 23 ans, la Japonaise s’avance donc sereinemen­t vers sa quatrième finale de Grand Chelem (elle a remporté ses trois précédente­s). Et le monde du tennis tout entier pressent qu’on tient la nouvelle patronne du circuit. «Elle frappe très fort, elle prend la balle tôt, elle se déplace bien, elle garde sa ligne et elle sert un peu comme Serena, s’enthousias­me Sarah Pitkowski, consultant­e à RMC. Ça commence à faire beaucoup ! Elle a déjà tous les atouts qui font qu’une joueuse peut devenir une légende ou non.» Et des légendes, ce n’est rien de dire que le tennis féminin en manque aujourd’hui. Un peu comme sil la WTA n’avait pas prévu que, un jour, Serena Williams tombe de son trône. «Jusqu’ici, tout le monde pouvait battre tout le monde, alors qu’avec Osaka on sent que l’histoire prend une autre tournure », acquiesce Sarah Pitkowski.

Or, pour briller et se faire sa place à côté du circuit masculin, le circuit féminin a besoin d’un personnage qui dure. En l’écoutant après sa victoire en demie, on n’a pas beaucoup de crainte de ce côté. « Quand j’étais plus jeune, il y a deux ans environ, l’objectif était de marquer l’histoire en devenant la première personne japonaise à gagner un Grand Chelem, confiait-elle. Bien sûr, c’est valorisant de voir son nom sur un trophée, mais je pense plus grand que cela maintenant. »

Il n’y a d’ailleurs pas que sur les courts que la joueuse impose son style. En témoigne cet acte fort à Cincinnati en septembre, quand elle a refusé de jouer sa demi-finale pour protester contre les violences policières aux Etats-Unis après la mort de George Floyd. «Elle dépasse le simple cadre du monde du tennis par ses prises de position, note Sarah Pitkowski. Quand on dit qu’on tient une patronne, ça vient aussi de là. Elle a un côté icône, elle représente quelque chose, sa parole pèse. »

«C’est valorisant de voir son nom sur un trophée, mais je pense plus grand que cela.» Naomi Osaka

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Naomi Osaka, lors de sa victoire à l’Open d’Australie contre Serena Williams.

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