Mieux vaut être bien outillé contre les cambriolages
Des habitants se forment, s’équipent ou s’organisent pour tenter de faire face aux menaces qui pèsent contre eux et leurs biens
Son agression remonte à plusieurs mois, mais Nadège s’en souvient très bien. « J’arrivais chez moi, il a tenté de me plaquer contre le mur. Là je lui ai mis le tranchant de mon avant-bras dans la gorge, et je me suis enfuie. »
Comme cette passionnée d’arts martiaux de 33 ans, un certain nombre de Nantais ont malheureusement été victimes d’agression ou ont la crainte de l’être. A tel point que certains se forment, s’équipent et s’organisent. Johann Mau, formateur en self-défense, a vu arriver un nouveau public ces dernières années : « Des gens, souvent jeunes, comme cette femme qui s’est fait arracher son collier par exemple. J’apprends à se libérer d’un étranglement mais surtout à développer la vigilance, travailler sur la confiance. »
Pour certains, se rassurer rime avec s’équiper. Depuis quelques semaines, un petit outil suscite l’engouement : le porte-clés alarme, distribué par l’association S2N, qui s’est déjà écoulé à plusieurs milliers d’exemplaires. « De plus en plus de gens s’intéressent aux bombes lacrymogènes mais la législation est très stricte, observe Cyril, porte-parole de l’association. Le porte-clés n’est pas intrusif, discret et facile à utiliser : on appuie et une alarme très puissante se déclenche. L’objectif est de surprendre l’agresseur mais aussi de prévenir les gens autour de soi. » A Rezé, c’est autour d’un groupe Whatsapp que tout un quartier s’est organisé, après des cambriolages en série. « Dès qu’on repère quelque chose, on poste un message, et les voisins sortent immédiatement, raconte Vincent. Un soir, à 0 h 30, on était dix dehors ! On montre qu’on protège notre quartier. On veut aussi dire aux autorités : agissez avant que ça ne dérape ! »
Car ces initiatives, parmi d’autres, visent aussi à pointer du doigt l’action de la police ou des municipalités, souvent jugée insuffisantes. A Rezé, la pression des riverains aurait ainsi permis de « nouer un dialogue avec la mairie ». A Nantes, la maire PS Johanna Rolland demande toujours l’arrivée de 70 policiers nationaux supplémentaires. Quant au procureur de la République, Pierre Sennès, il a promis un « renforcement de la justice de proximité », pour améliorer « la qualité de vie au quotidien des concitoyens ».