Les dérives sectaires ont pris la main avec la crise sanitaire
L’exécutif doit dévoiler ce jeudi un rapport qui indique une hausse des signalements
Mesurer pour mieux comprendre et protéger. Commandée par la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, une mission d’inspection dresse un bilan des nouvelles « tendances » des dérives sectaires. Cette note, consultée par 20 Minutes, doit être présentée ce jeudi par la ministre. Nourri par les remontées des différents services d’enquête spécialisés, ce rapport fait état d’une inflation des pratiques sectaires.
Plusieurs gourous ont développé des « méthodes » pour lutter contre le virus.
En cinq ans, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a enregistré une hausse des signalements de 30%. Si les effets de la pandémie ne peuvent être encore « totalement mesurés », précisent les auteurs de cette note, le coronavirus a joué un rôle non négligeable sur ce phénomène. Entre mars et juin 2020, la Miviludes a reçu 80 signalements « en lien direct avec la crise sanitaire ».
Depuis l’apparition du Covid-19, plusieurs «gourous» ou thérapeutes, fustigeant la médecine traditionnelle et l’industrie pharmaceutique, ont développé des « méthodes » et des pratiques pour, prétendent-ils, lutter contre le virus. Dans la note adressée à Marlène Schiappa, les services d’enquête précisent que «l’essentiel des inquiétudes exprimées dans les signalements porte sur des propositions en matière de santé : conseils pour se prémunir de l’infection et pseudo-remèdes souvent en lien avec des théories complotistes ».
Au-delà de la médecine parallèle, plusieurs courants religieux identifiés depuis longtemps par les services dédiés aux dérives sectaires se sont servis de l’épidémie pour « recruter ». « A notre échelle, nous avons eu de nouvelles enquêtes en lien avec les Témoins de Jéhovah, relève une enquêtrice de la gendarmerie. Ce qui n’est pas très étonnant puisqu’ils s’inscrivent dans un mouvement apocalyptique. La pandémie a fait écho à leur doctrine. »
Pour faire face à cette recrudescence des dérives sectaires, déjà observée après les attentats de 2015 en France, les enquêteurs de la direction centrale de la police judiciaire prévoient de «muscler» leur maillage territorial. Enfin, un renforcement à l’échelle de la Miviludes doit intervenir prochainement. Dans un communiqué diffusé mercredi, Marlène Schiappa a annoncé la nomination d’une magistrate, Hanène Romdhane, à la tête de la mission interministérielle récemment rattachée au ministère de l’Intérieur. Un conseil d’orientation sera «installé» et une circulaire visant notamment à «systématiser» les signalements auprès des autorités judiciaires doit être diffusée aux préfets.