Le fret à voile a de nouveau le vent en poupe
Depuis plusieurs années, le fret à voile renaît grâce à l’initiative de quelques acteurs
Une petite avancée pour le voilier, mais un grand pas pour le transport de marchandises à voile? Le 17 février, la goélette Grain de Sail a achevé à Nantes sa première boucle transatlantique, commencée trois mois plus tôt à Saint-Malo. Le navire était parti avec, dans ses cales, 15000 bouteilles de vin écoulées chez des cavistes de New York. Puis il a rejoint la République dominicaine pour y charger 33 t de cacao à rapporter sur nos côtes, avant de les acheminer par la route jusqu’à Morlaix (Finistère), où l’entreprise Grain de Sail a sa chocolaterie.
Une démarche valorisante
Certes, avec ses 24 m de long et sa capacité de chargement de 50 t, la goélette ne paie pas de mine face aux porte-conteneurs actuels, dont les plus gros font 400 m et peuvent embarquer plusieurs dizaines de milliers de tonnes de marchandises. Mais Grain de Sail a ceci de notable «qu’il est le premier voilier cargo moderne», lance Stefan Gallard, directeur marketing de Grain de Sail. L’enjeu n’est pas anodin, car 90 % des marchandises transportées dans le monde empruntent la voie maritime, et la majorité sur des porte-conteneurs qui carburent au fioul lourd, énergie fort émettrice de gaz à effet de serre. Le secteur représente ainsi 2 à 3 % des émissions mondiales. L’Organisation maritime mondiale s’est engagée à les réduire de moitié d’ici à 2050. Dans ce contexte, le fret à voile a une carte à jouer. Des entrepreneurs travaillent en tout cas à le faire renaître. En France, c’est le cas de la Towt (Transoceanique Wind Transport). Depuis 2011, cette compagnie maritime affrète de vieux gréements pour leur faire traverser l’océan Atlantique ou relier les ports d’Europe, les cales remplies de marchandises. A la différence de Grain de Sail, la Towt ne transporte pas ces denrées pour elle-même mais pour le compte de marques et de distributeurs prêts à payer un peu plus cher le convoyage de leurs marchandises. En contrepartie, ils peuvent valoriser cette démarche auprès de leurs clients avec le label Anemos.
«En dix ans, nous avons lancé une quarantaine d’expéditions et transporté 1 000 t de marchandises, comptabilise Grégoire Théry, responsable développement de la Towt. Nous avons ainsi montré que le fret à voile pouvait être économiquement viable – la Towt a réalisé 200000 € de chiffre d’affaires en 2019 – et que cela intéressait un nombre croissant de marques et distributeurs.»