« J’ai refusé des sponsors pour raisons écologiques »
Le joueur du PSG Nikola Karabatic s’engage pour la planète
On est habitués à le voir s’engager sans compter dans la défense adverse. Mais Nikola Karabatic donne de sa personne aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique. Se servant de sa notoriété pour sensibiliser le grand public à cette cause, le joueur du PSG veut embarquer ses collègues sportifs et espère convaincre clubs et dirigeants de prendre en compte l’écologie dans leurs décisions.
D’où vient votre conscience écolo ?
Ça date d’il y a une dizaine d’années. C’est devenu plus important encore avec la naissance de mes enfants, en se rendant compte de l’état de la planète dont ils vont hériter. Quand j’étais jeune, je n’avais que le hand en tête. Tout ce qu’il y avait autour, ça me touchait, mais ce n’était pas le plus important dans ma vie. Aujourd’hui, le hand est toujours important, mais j’ai compris beaucoup de choses en grandissant : comment fonctionnent le monde, la société, la politique…
Quels sont vos gestes au quotidien pour la planète ?
En famille, on a réduit, voire quasiment enlevé la
consommation de viande et de poisson. Quand on en consomme, on fait en sorte que ce soit de la qualité, d’élevages respectueux des animaux, venant des circuits courts. On achète dans des commerces de proximité. On essaie d’être acteur avec notre carte de crédit et notre carte d’électeur, aussi. Pour les déplacements, on n’a pas de voiture, on se déplace à vélo, on essaie de ne prendre que le train.
On trie les déchets, mais on aimerait faire plus : on est en appartement, le compost est donc un peu compliqué.
Quels sont les freins à ce système ?
Les déplacements avec l’équipe, en France, se font majoritairement en train. En coupe d’Europe, on est contraints de prendre l’avion. Il y a énormément d’actions qu’on ne peut pas mener individuellement. L’interdiction d’emballages plastique doit émaner de la décision des politiques, l’annulation de certaines lignes d’avion aussi.
Dans les vestiaires, est-il plus simple de discuter du système de défense ou de défense de l’environnement ?
Il y a beaucoup de générations différentes dans le vestiaire. Et c’est plus facile d’en parler avec les plus anciens. Entre nous, on se demande si on a vu le dernier reportage sur le sujet, on en discute… Quant aux plus jeunes, ils savent, mais ça leur passe un peu au-dessus de la tête. J’en vois encore certains qui utilisent des bouteilles en plastique, alors qu’ils ont les moyens de s’acheter une gourde.
Des choses vous chagrinent-elles encore dans le haut niveau ?
Quand on voit par exemple la réforme de la Ligue des champions au foot, avec plus d’équipes, plus de matchs, ça ne va pas dans le bon sens. Enormément d’équipes dans certains sports, et notamment ceux qui ont plus de moyens financiers, prennent encore l’avion pour faire des déplacements de trente minutes. Il a aussi été décidé que l’Euro de football se joue dans je ne sais pas combien de villes, ce qui va induire un nombre de déplacements impressionnants de fans et supporteurs.
Appliquez-vous des normes écologiques au niveau du sponsoring ?
Oui, j’essaie de challenger mes sponsors personnels. Il m’est arrivé récemment de refuser des sponsors pour ces raisons. Je peux aujourd’hui me permettre de faire le tri et de choisir des partenaires qui sont dans le même état d’esprit.
Etes-vous attentif à l’actualité autour de l’écologie, comme celle de la loi Climat ?
C’est un dossier politique, et la politique, ça nous touche tous en tant que citoyens. L’erreur serait de s’en déconnecter et de la laisser aux seules mains de ceux qui nous gouvernent. Ils sont là pour nous servir.
« Des équipes prennent l’avion pour des déplacements de trente minutes. »
« L’enjeu primordial, aujourd’hui, c’est de réussir à toucher nos dirigeants, nos politiques. »
Qu’on le veuille ou non, on fait tous de la politique. C’est important de me tenir au courant de ce qui est fait, de savoir les lois qui sont passées, de voir que la loi Climat n’est pas à la hauteur, de voir que la Convention citoyenne, qui a été une initiative géniale, a vu ses propositions retouchées. On avance, mais pas assez vite.
Est-il plus facile de s’engager quand on a votre statut de joueur célèbre qui n’a plus rien à prouver ?
Peut-être, parce que j’ai atteint tous mes rêves, même si j’ai encore des choses à faire. Des jeunes joueurs s’engagent, mais c’est vrai que ce sont souvent des sportifs avec plus d’expérience qui commencent à prendre conscience qu’ils peuvent se servir de leur notoriété à bon escient. L’enjeu primordial, aujourd’hui, c’est de réussir à toucher nos dirigeants, nos politiques. Ce sont eux qui ont le vrai pouvoir de décisions et de changements.
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