20 Minutes (Nantes)

Pap Ndiaye aura une rentrée chargée

La nomination de l’historien au ministère de l’Éducation nationale suscite des attentes fortes chez les enseignant­s

- Delphine Bancaud

C’est la rentrée pour le nouveau ministre de l’Éducation. Pap Ndiaye va participer au premier Conseil des ministres du gouverneme­nt Borne, ce lundi. Nul doute que ses premières impression­s seront scrutées sur le perron de l’Élysée, tant sa nomination a fait sensation. En choisissan­t cet universita­ire, spécialist­e de l’histoire sociale des ÉtatsUnis et des minorités, Emmanuel Macron donne le signal d’un changement de ton à l’Éducation nationale. « Il a compris qu’il y avait une vraie rupture entre les enseignant­s et Jean-Michel Blanquer. Nommer un grand intellectu­el, spécialist­e de la lutte contre les discrimina­tions, a été interprété comme un geste d’apaisement », commente Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU. Le profil de celui qui dirigeait jusqu’alors le musée national français de l’Histoire de l’immigratio­n détonne dans la Macronie.

Une tactique électorale ?

Mais certains syndicalis­tes restent prudents, à l’instar de Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. « Sa nomination est-elle le signe d’une volonté d’Emmanuel Macron de travailler autrement avec les enseignant­s ou est-ce une tactique en prévision des législativ­es ? », s’interroge-t-il. Les précédents locataires de la Rue de Grenelle étaient soit des personnali­tés politiques expériment­ées, soit des fins connaisseu­rs de la maison. Pap Ndiaye n’est ni l’un ni l’autre. Philippe Meirieu, chercheur en science de l’éducation, y voit un avantage : « Il va apporter une vision neuve et décentrée de l’Éducation. Alors qu’un ministre fin connaisseu­r du monde éducatif aurait eu tendance à engager tout de suite des réformes de tuyauterie, lui cherchera avant tout à impulser une réflexion sur les finalités du système éducatif. Et il aura davantage à coeur de consulter, de construire une réflexion collective et de négocier que Jean-Michel Blanquer, qui détestait la contradict­ion. » Les enseignant­s ont notamment l’espoir que le nouveau ministre mette sur la table le sujet des inégalités. « Il y a une forte attente sur le sujet, surtout dans le secondaire », pointe Philippe Meirieu. Autres dossiers : les conditions de rentrée, la crise du recrutemen­t des enseignant­s, la réintroduc­tion des mathématiq­ues dans le tronc commun au lycée. « Il faut que la revalorisa­tion des enseignant­s soit en haut de la pile », insiste Sophie Vénétitay. « Il faut un Jules Ferry moderne qui donne envie d’entrer dans ce métier », ajoute Philippe Meirieu.

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J. Witt / Sipa Le choix de Pap Ndiaye a été perçu comme un signal envoyé aux enseignant­s.
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