Pap Ndiaye aura une rentrée chargée
La nomination de l’historien au ministère de l’Éducation nationale suscite des attentes fortes chez les enseignants
C’est la rentrée pour le nouveau ministre de l’Éducation. Pap Ndiaye va participer au premier Conseil des ministres du gouvernement Borne, ce lundi. Nul doute que ses premières impressions seront scrutées sur le perron de l’Élysée, tant sa nomination a fait sensation. En choisissant cet universitaire, spécialiste de l’histoire sociale des ÉtatsUnis et des minorités, Emmanuel Macron donne le signal d’un changement de ton à l’Éducation nationale. « Il a compris qu’il y avait une vraie rupture entre les enseignants et Jean-Michel Blanquer. Nommer un grand intellectuel, spécialiste de la lutte contre les discriminations, a été interprété comme un geste d’apaisement », commente Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU. Le profil de celui qui dirigeait jusqu’alors le musée national français de l’Histoire de l’immigration détonne dans la Macronie.
Une tactique électorale ?
Mais certains syndicalistes restent prudents, à l’instar de Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. « Sa nomination est-elle le signe d’une volonté d’Emmanuel Macron de travailler autrement avec les enseignants ou est-ce une tactique en prévision des législatives ? », s’interroge-t-il. Les précédents locataires de la Rue de Grenelle étaient soit des personnalités politiques expérimentées, soit des fins connaisseurs de la maison. Pap Ndiaye n’est ni l’un ni l’autre. Philippe Meirieu, chercheur en science de l’éducation, y voit un avantage : « Il va apporter une vision neuve et décentrée de l’Éducation. Alors qu’un ministre fin connaisseur du monde éducatif aurait eu tendance à engager tout de suite des réformes de tuyauterie, lui cherchera avant tout à impulser une réflexion sur les finalités du système éducatif. Et il aura davantage à coeur de consulter, de construire une réflexion collective et de négocier que Jean-Michel Blanquer, qui détestait la contradiction. » Les enseignants ont notamment l’espoir que le nouveau ministre mette sur la table le sujet des inégalités. « Il y a une forte attente sur le sujet, surtout dans le secondaire », pointe Philippe Meirieu. Autres dossiers : les conditions de rentrée, la crise du recrutement des enseignants, la réintroduction des mathématiques dans le tronc commun au lycée. « Il faut que la revalorisation des enseignants soit en haut de la pile », insiste Sophie Vénétitay. « Il faut un Jules Ferry moderne qui donne envie d’entrer dans ce métier », ajoute Philippe Meirieu.