Les partis peuvent-ils s’éviter des scandales ?
De Damien Abad à Taha Bouhafs, des accusations ciblent des personnalités qui ont pourtant été investies
Leur rentrée des classes a été éclipsée par l’affaire Damien Abad. Réunis lundi matin à l’Élysée en présence d’Emmanuel Macron, les membres du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne ont assisté à leur premier Conseil des ministres dans une ambiance plombée par les accusations de viol visant le nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Ce dernier a nié « avec la plus grande force » les témoignages relatés par Mediapart.
Aux législatives, plusieurs formations ont été pointées du doigt pour avoir investi des hommes accusés de violences contre les femmes. « Ces investitures témoignent d’une banalisation de ces violences. Quand Rugy démissionne pour une affaire de homards, cela paraît normal. Mais quand il s’agit de violences sexuelles ou sexistes, les responsables politiques ne se sentent plus concernés », dénonce Madeline Da Silva, l’une des cofondatrices de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, à l’origine des signalements visant Damien Abad. De son côté, LFI se félicite d’avoir réglé en cinq jours l’affaire Taha Bouhafs après l’intervention d’un comité de suivi interne contre les violences sexuelles. Alertée le 7 mai, la formation politique aurait en fait, selon ses adversaires, été contrainte de réagir après les révélations de Mediapart contre l’intéressé. Pressenti pour porter les couleurs de la Nupes dans le Rhône, le journaliste a retiré sa candidature après des témoignages l’accusant de violences sexuelles, et a dénoncé des « calomnies ».
Condamné et sélectionné quand même
Chez Renaissance (ex-LREM), on assure prendre des précautions. « Nous avons une instance, une cellule, qui permet de faire des signalements d’actes d’agressions sexuelles ou de harcèlement moral, par exemple », assure une membre du mouvement présidentiel. Pourtant, Jérôme Peyrat, candidat LREM en Dordogne, était investi par Renaissance, malgré sa condamnation en 2020 pour des violences contre son ex-compagne. Ce n’est qu’après une sortie calamiteuse sur France Info du patron du parti, Stanislas Guerini, que le député sortant a été contraint de jeter l’éponge. À droite, le sujet embarrasse. Damien Abad avait été investi par LR, dans un premier temps. « Des rumeurs sur une plainte déposée contre lui avaient circulé en 2017, se rappelle Christian Jacob, président de LR. Il m’avait répondu que tout cela était faux et qu’il n’avait d’ailleurs jamais été convoqué par la justice », assuraitil lundi au Point. Christian Jacob dit n’avoir « jamais été saisi, ni par l’Observatoire des violences sexuelles et sexistes ni par les services de l’Assemblée nationale ».