Comment arrêter la fuite des serveurs ?
L’été approche, et la crise du recrutement menace de plus en plus durement le secteur de la restauration
Il pleut sur la ville en cette matinée, mais pour Stanislas, gérant du café Au Notre-Dame (Paris, 9e), aucuns pleurs dans le coeur, plutôt du soulagement. Qui dit pluie, dit absence de monde en terrasse. Et donc moins de travail pour ses serveurs épuisés. « Voilà où nous en sommes : être heureux qu’il pleuve en mai pour ne pas surcharger les troupes », rouspète le patron. La crise n’est pas nouvelle, remontant au premier déconfinement, en 2020, mais, avec les beaux jours, ses effets sont encore plus visibles : les serveurs sont une espèce en voie de disparition. En France, en 2022, entre 220 000 et 250 000 postes ne trouvent pas preneurs dans les cafés, hôtels et restaurants, d’après les estimations de l’Union des métiers de l’hôtellerie (Umih). « En janvier-février, on était en sous-effectif, mais on se rassurait en se disant que c’étaient les mois faibles. Là, nous sommes bientôt en été et on se demande comment on va faire », témoigne Stanislas.
Le salaire est une variable clé. « On n’intéresse plus personne en dessous de 1 800 € net par mois, c’est le grand minimum pour recruter et il ne faut pas hésiter à augmenter si on peut », note Alain Fontaine, président de l’Association française des maîtres restaurateurs.
En terminer avec les heures à rallonge
Les horaires proposés aux recrues jouent également. Le chef des maîtres restaurateurs s’est imposé deux interdits, les coupures et les heures à rallonge : « Pour sauver la profession, nous ne devons pas rester les forçats du travail aux yeux des gens. Nos employés veulent vivre comme leurs amis et profiter des loisirs. » Alain Fontaine veut aussi « ouvrir la porte aux candidats de pays non européens et à des personnes sans formation professionnelle ». Pas pour diminuer les salaires, mais « pour embaucher des personnes voulant travailler et s’intégrer ».