Holger Rune sort de l’ombre d’Alcaraz
Le jeune Danois prend enfin la lumière à Roland-Garros après la défaite de l’Espagnol. À confirmer déjà ce mercredi en quarts, voire au-delà
La vidéo date de 2017. Publiée lundi sur Twitter, on distingue Carlos Alcaraz et Holger Rune, 14 ans, se parler en plein match de double lors du tournoi des Petits As, à Tarbes. Cinq ans plus tard, les deux joueurs ont marqué les esprits à Roland-Garros. Si l’Espagnol a fini par se casser les dents, mardi, en quarts contre Zverev (6-4, 6-4, 4-6, 7-6), le Danois peut encore rêver du dernier carré, à condition de se défaire, ce mercredi, du Norvégien Casper Ruud, 8e joueur mondial. La suite bluffante, mais finalement logique, d’une montée en puissance.
Cinq ans après ce match de double, le Croate Lovre Erceg, l’un des deux adversaires, se souvient : « Jusqu’à 15 ans, on a beaucoup joué ensemble, mais après, ils ont fait un bond en avant dans leurs carrières. Alcaraz, on a tout de suite vu qu’il était à part, mais à cette époque, Rune avait de meilleurs résultats, car Alcaraz était trop joueur. »
En 2022 cependant, la tendance s’est inversée. Si Rune a été sacré champion du monde juniors en 2019, c’est bien Alcaraz qui a été le plus précoce chez les grands. Vainqueur cette année de deux Masters 1000, à Miami et à Madrid, l’Espagnol, 6e joueur mondial, avait débarqué avec la pancarte d’outsideur à Paris. Rune, lui, est arrivé plus discrètement à Roland-Garros. L’an passé, son apparition sur le circuit avait provoqué une grosse polémique. En juin 2021, en demi-finale d’un tournoi challengeur en Italie, le gamin s’énerve et hurle en danois à l’encontre de son adversaire : « Tu es un joueur de merde et tu joues comme un pédé. » Le Danois s’était excusé dans la foulée, écopant quand même d’une amende de 1 500 €.
Une belle montée en puissance en 2022
Depuis cet incident, Holger Rune a pris de l’épaisseur : vainqueur des tournois de San Remo et Munich, le 40e joueur mondial a pris confiance. Avant de taper, à la surprise générale, Stefanos Tsitsipas, finaliste l’an passé.
De quoi provoquer l’enthousiasme de Cédric Pioline. « Il y a un peu moins de lumière sur lui, mais il fait un parcours magnifique, souligne le double finaliste en Grand Chelem. Il monte très fort également, il y a quelque chose qui s’est débloqué. Il a beaucoup de confiance, d’envie. J’aime beaucoup son attitude, son jeu, cette audace qu’il a sur le court. » « Il a une telle énergie, une telle volonté de performer. On parle beaucoup d’Alcaraz dans cette génération, mais Rune c’est un super joueur, qui frappe très fort », ajoute Marc Barbier, coach d’un Hugo Gaston dépecé au 3e tour par le Danois (6-3, 6-3, 6-3).
Le braquage du siècle est-il possible cette année? Alcaraz devra attendre, mais Rune a encore de sacrés arguments à faire valoir, d’ici à dimanche, pour faire sauter la banque.