20 Minutes (Nantes)

Un Royaume sinon rien

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Le rendez-vous avait été fixé à l’avance par un émissaire du Palais, venu en personne porter l’invitation. L’oligarque était convié pour une discussion « franche et directe », comme disent les diplomates quand il y a de fortes tensions entre deux pays. Debout, derrière les fenêtres de son bureau, le monarque regardait dans la cour se garer sagement la Rolls SUV bleu nuit aux vitres teintées de Chestov. Quelle recette ce diable de Russe avait-il appliquée pour se maintenir en vie face au maître du Kremlin, sans se fâcher avec les Américains ni même avec les Français ? Et, maintenant, le voilà qui venait le défier, ce butor, après avoir fragilisé les institutio­ns du Royaume en lâchant un corbeau et ses informatio­ns toxiques dans les médias. Qui d’autre aurait eu autant intérêt à cette opération de déstabilis­ation ?

Les médecins disaient Chestov gravement malade, presque condamné. Cancer de la prostate fatal. Mais le Prince ne se fiait pas aux pas lents du Russe qu’il voyait sortir de sa voiture, soutenu par un aide de camp. Il connaissai­t de longue date son esprit têtu et son goût pour les barbouzeri­es qui rebattent les cartes au dernier moment. Lui-même en avait été la cible, quand l’oligarque, à peine installé au Royaume, avait rassemblé un dossier très privé à son encontre. Il avait alors fallu contre-attaquer avec d’autres informatio­ns crapuleuse­s. Les unes contre les autres pour un match nul.

Aujourd’hui, Oleg Chestov se déplaçait en personne pour venir lui expliquer les nouvelles règles du jeu du Royaume. Il devait disposer d’un sacré atout pour oser ainsi s’avancer à découvert. Le Prince non plus n’était pas démuni. (à suivre)

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