20 Minutes (Nantes)

La majorité sortante bousculée par la gauche

À l’issue du premier tour des législativ­es, le score de la Nupes affaiblit les positions présidenti­elles

- Julien Laloye

La petite musique des derniers jours disait donc vrai. La majorité présidenti­elle (Ensemble) a été bousculée par la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes), dimanche au 1er tour des législativ­es.

VERS UNE MAJORITÉ RELATIVE.

Sept semaines à faire campagne le moins fort possible, pour capitalise­r sur les résultats de la présidenti­elle, ont fini par se voir. Le parti présidenti­el et ses alliés, dans les mêmes eaux que la Nupes dimanche soir, vont devoir sortir les rames pour arracher la majorité absolue des 289 sièges dimanche prochain, bien loin des 350 sièges obtenus en 2017. Une perspectiv­e inédite depuis le gouverneme­nt Rocard, en 1988, à l’époque où un Premier ministre en exercice pouvait dégainer le 49.3 tous les matins au petit-déjeuner. Les règles ont un peu changé depuis, et Élisabeth Borne a sonné le tocsin de la mobilisati­on pour éviter l’Assemblée ingouverna­ble, faite d’alliances et de contre-alliances : « Face à la guerre aux portes de l’Europe, nous ne pouvons prendre le risque de l’instabilit­é et de l’approximat­ion. J’appelle donc toutes les forces républicai­nes à se rassembler autour de notre projet pour une majorité forte et claire. » Au moins la Première ministre peut-elle se réjouir de voir sa candidatur­e bien engagée dans le Calvados, comme celle de la plupart de ses ministres. Tombé au champ d’honneur de la Macronie, tout de même, l’ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

LE PARI DE MÉLENCHON, PAS ENCORE GAGNANT.

Depuis le temps qu’il serine à qui veut l’entendre qu’il enverra Borne faire ses cartons dimanche prochain, on pensait trouver un Jean-Luc Mélenchon excité comme une puce par le bon résultat de la gauche unie. Mais c’est avec la mine grave que le leadeur de la Nupes a pris la parole dimanche soir (lire ci-dessous), comme rattrapé par l’enjeu d’une victoire possible, mais encore lointaine. Les projection­s créditaien­t alors l’union de la gauche de 150 à 200 sièges à l’Assemblée, ce qui la laisse pour l’instant au milieu du gué. Première force d’opposition, certes, mais pas encore force de gouverneme­nt. « J’appelle notre peuple, au vu de ces résultats et de l’opportunit­é extraordin­aire qu’ils présentent pour le destin de la patrie commune, à déferler dimanche prochain, pour rejeter définitive­ment les projets funestes de la majorité de M. Macron », a enjoint le tribun de La France insoumise, qui ne se représenta­it pas personnell­ement à Marseille.

RECONQUÊTE ! DÉFINITIVE­MENT MANGÉ PAR LE RN.

Sa défaite sans appel dans le Var clôt peut-être une carrière politique aussi brève qu’intense. Éric Zemmour n’a pas passé le cut du premier tour, devancé par Ensemble et le RN, aussitôt suivi dans la fosse aux lions par son vice-président, Guillaume Peltier, ancien transfuge de LR. Comme à la présidenti­elle, Reconquête ! (4,3 %) n’a pas fait le poids face au RN de Marine Le Pen, qui progresse nettement par rapport à 2017 (19 % des voix). La finaliste du mois de mai est passée à un cheveu d’être réélue d’entrée de jeu à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), seulement freinée, comme d’autres, par l’abstention. Mais elle s’est félicitée de « ce résultat qui peut envoyer à l’Assemblée le groupe de patriotes le plus important de l’histoire du pays », rendant la victoire du « camp patriote à portée de main ». Une victoire avant tout symbolique, même si Marine Le Pen peut espérer quadrupler le nombre de députés du RN dans la nouvelle Assemblée, après cinq années sans peser dans l’hémicycle (8 députés).

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