20 Minutes (Nantes)

Ils font le grand saut, mais pas dans l’inconnu

La compétitio­n internatio­nale de plongeon de l’extrême s’installera à Paris, samedi. L’occasion de s’immerger dans cet univers vertigineu­x

- Quentin Ballue

Déjà passées en France, les Red Bull Cliff Diving World Series s’installent à Paris. Samedi, 24 athlètes sauteront depuis une plateforme située port Debilly, face à la tour Eiffel. Sous leurs pieds, 27 m pour les hommes, 21 pour les femmes. Deux secondes et demie de chute libre à enchaîner les figures pour séduire les juges. Mais n’allez surtout pas leur dire qu’ils sont des têtes brûlées. « On aime cette sensation d’adrénaline, mais, ce qui est jouissif, c’est de pouvoir contrôler ces dangers, jusqu’à les éliminer, rectifie Gary Hunt, le seul Français du plateau. En dehors de ce sport, j’aime bien jardiner ou jouer du piano, des choses très calmes. » « Avant, on nous considérai­t un peu comme des fous, ajoute Cyrille Oumedjkane, qui a plongé pendant dix-huit ans et qui officie désormais comme juge sur les World Series. Maintenant, on nous voit plus comme des sportifs. » Alors, comment en arrivet-on à se jeter dans l’eau de la hauteur d’un immeuble de neuf étages ? Le passage par la case piscine est obligatoir­e. C’est là que Gary Hunt, comme tous ses collègues, a commencé le plongeon à un, trois ou dix mètres. Puis émerge le désir de pousser « le corps et le mental jusqu’aux limites », en sautant plus haut, en faisant plus de figures, en prenant plus de vitesse – l’entrée dans l’eau se faisant à plus de 85 km/h. D’où l’impératif de s’élancer avec une immense concentrat­ion et de parfaiteme­nt gérer ses émotions. « À partir du moment où tu arrives au bout de la plateforme, il y a automatiqu­ement une bulle », explique Hassan Mouti, plongeur pendant dix ans, aujourd’hui directeur de compétitio­n chez Red Bull. Plus facile à dire qu’à faire. L’an passé à Saint-Raphaël, le Mexicain Jonathan Paredes ratait son saut. Une frayeur qui

le perturbe encore : il a refusé les deux derniers plongeons à Boston au début du mois, confiant ressentir « un blocage mental ». Hassan Mouti a connu la même épreuve après un accident à Athènes : « Je me suis éclaté un poumon, j’ai passé deux jours à l’hôpital. Je me suis remis physiqueme­nt au bout de six mois, mais il m’a fallu six mois de plus pour me remettre mentalemen­t. »

Un effort difficile à reproduire

Les plongeurs travaillen­t aussi leur physique et leur technique, dans des conditions moins extrêmes que pour la compétitio­n. « Physiqueme­nt, on ne peut pas plonger à 27 m tous les jours », explique Hassan Mouti. Le plongeon est donc décomposé en trois phases : le départ, la partie acrobatiqu­e, et l’entrée à l’eau. Il y a quelques années de cela, Gary Hunt s’entraînait en faisant des spectacles dans des parcs d’attraction­s, du haut d’une tour de 20 m d’où il pouvait plonger tous les jours. Aujourd’hui, le nonuple vainqueur des World Series se prépare à la piscine Maurice-Thorez de Montreuil, équipée d’un plongeoir à 10 m. En ajoutant un peu de trampoline, de musculatio­n et de gymnastiqu­e pour compléter le puzzle. Avec forcément l’objectif de gagner à Paris, samedi, devant son public, attendu en nombre (lire l’encadré).

« En dehors de ce sport, j’aime bien jardiner ou jouer du piano. » Gary Hunt, plongeur français

 ?? X. Leoty / AFP ?? Avant d’arriver sur les quais de Seine, les World Series s’étaient déjà élancées du haut de la tour Saint-Nicolas de La Rochelle en 2016.
X. Leoty / AFP Avant d’arriver sur les quais de Seine, les World Series s’étaient déjà élancées du haut de la tour Saint-Nicolas de La Rochelle en 2016.
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