Y a-t-il un groupe pour renforcer la majorité ?
Fragilisé par les résultats du second tour des législatives, l’exécutif est condamné à se trouver des alliés
Une sacrée averse sur la nuque pour rafraîchir l’atmosphère caniculaire. La coalition présidentielle, qui espérait arracher une majorité absolue à l’Assemblée, a fondu de moitié ou presque par rapport à 2017. Avec 220 sièges à peine en comptant ses alliés du Modem et d’Horizons, Ensemble ! se retrouve cernée sur sa gauche par la Nupes, qui, si elle a échoué dans sa quête de Matignon, accumule près de 150 députés prêts à batailler sur chaque projet de loi, et sur sa droite, par le RN, auteur d’une percée improbable (89 sièges).
Dit autrement, ça s’annonce coton pour gouverner avec un Parlement aussi hétéroclite, très IVe République dans l’esprit, et sans les tauliers macronistes aux manettes (lire l’encadré). La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, annonce « une main tendue à tous ceux qui voudront qu’on fasse avancer le pays ». Mais qui va tendre l’autre main ? Sans surprise, Jean-Luc Mélenchon, qui n’a plus du tout envie de partir en retraite, n’y pense pas une seconde : « Il n’y a aucun clivage à dépasser avec nous, parce que nous ne sommes pas du même monde, nous n’avons pas les mêmes objectifs, les mêmes valeurs. » Le RN ? Marine le Pen évoque « une opposition ferme, sans connivence, mais responsable, respectueuse des institutions et toujours constructive », mais elle se réjouit surtout d’avoir fait d’Emmanuel Macron « un président minoritaire ».
Jacob veut « rester dans l’opposition »
Tout le monde voit gros comme une maison un mariage de raison avec LR, qui, sur le fond, n’aurait pas beaucoup de motifs de se faire prier après avoir sauvé les meubles dimanche soir (80 sièges). C’est en tout cas le souhait de l’ancien patron de l’UMP, JeanFrançois Copé. Il a appelé « à un pacte de gouvernement avec Macron afin de lutter contre la montée des extrêmes », vite démenti par Christian Jacob, le boss actuel, qui préfère « rester dans l’opposition après avoir fait campagne dans l’opposition ».
En s’y mettant toutes ensemble, les trois forces d’opposition peuvent menacer le gouvernement macroniste d’une motion de censure à tout moment, alors que l’usage du 49.3, désormais limité à un texte de loi par session, n’est plus une échappatoire à laquelle se raccrocher. Et encore, ça aurait pu être pire : Élisabeth Borne, la Première ministre, est passée d’un cheveu dans le Calvados.