20 Minutes (Nantes)

Musique partout, violence nulle part

Maraudes, dispositif Safer... Les organisate­urs de festivals se dotent d’outils pour prévenir les agressions

- Pauline Ferrari

La nouvelle avait secoué les participan­ts du festival de metal : en 2019, une jeune femme avait lancé un appel sur les réseaux sociaux après avoir été violée au Hellfest, recherchan­t des informatio­ns sur son agresseur. Des mains aux fesses lors d’un mouvement de foule, des gestes déplacés sous « l’excuse » de l’alcool ou des drogues, des insultes… Les événements de musique live ne sont pas exempts des violences présentes dans le reste de la société. Sauf que, depuis plusieurs années, sous l’impulsion du mouvement #MeToo et de la libération de la parole, les festivals se saisissent à bras-le-corps du problème, et tentent d’allier prévention et solutions pour rendre leurs événements plus safe.

Ainsi, la semaine passée, lors du premier week-end du Hellfest, à Clisson (Loire-Atlantique), une toute nouvelle brigade, la Hell’Watch, veillait au grain. À sa tête, David Alglave, psychologu­e au CHU d’Angers (Maineet-Loire), spécialisé dans l’accueil des victimes et bénévole du Hellfest depuis une dizaine d’années. « La production voulait mettre en place une équipe dirigée par un profession­nel, explique-t-il. J’ai recruté des bénévoles parmi mes étudiants en psychologi­e, habitués à l’accueil des victimes, mais aussi parmi des collègues psy. » En plus d’un stand de prévention, la présence de la Hell’Watch aurait un effet dissuasif auprès des potentiels auteurs de violences.

Une appli spécifique

Pour Béatrice Desgranges, titulaire d’un mandat égalité femmes-hommes au sein du Syndicat des musiques actuelles (SMA) et directrice de Marsatac, le secteur des musiques actuelles a toujours pris en charge la question de la prévention des risques (comme la consommati­on d’alcool ou de stupéfiant­s, la protection auditive...). En 2019, d’ailleurs, le festival marseillai­s intégrait une safe zone avec la présence d’une psychologu­e du CIDFF (Centre d’informatio­n sur les droits des femmes et des familles), pour commencer la sensibilis­ation des festivalie­rs et des équipes de bénévoles. Un an plus tard, alors que les festivals n’avaient pas lieu en raison de la pandémie de Covid-19, Safer était créé. Dispositif « à 360 ° », il regroupe une applicatio­n (qui permet d’alerter les actes et propos déplacés pour les festivalie­rs), un dispositif de formation et de sensibilis­ation des bénévoles et un site Internet ressource sur les questions de consenteme­nt et de violences sexistes et sexuelles en festival. Depuis, Les Déferlante­s, à Perpignan, Musilac, à Aix-les-Bains, ou Les Vieilles Charrues, à Carhaix, ont choisi de développer le dispositif sur leurs événements. Mais, comme l’explique Béatrice Desgranges, Safer et des maraudes ne peuvent pas être une solution miracle au problème des violences sexuelles et sexistes en festival. « Si le festival ne s’engage pas sincèremen­t, ça ne pourra pas fonctionne­r. »

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S. Salom-Gomis (Sipa) Lors du premier week-end du Hellfest, le 17 juin, à Clisson, en Loire-Atlantique.

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