Musique partout, violence nulle part
Maraudes, dispositif Safer... Les organisateurs de festivals se dotent d’outils pour prévenir les agressions
La nouvelle avait secoué les participants du festival de metal : en 2019, une jeune femme avait lancé un appel sur les réseaux sociaux après avoir été violée au Hellfest, recherchant des informations sur son agresseur. Des mains aux fesses lors d’un mouvement de foule, des gestes déplacés sous « l’excuse » de l’alcool ou des drogues, des insultes… Les événements de musique live ne sont pas exempts des violences présentes dans le reste de la société. Sauf que, depuis plusieurs années, sous l’impulsion du mouvement #MeToo et de la libération de la parole, les festivals se saisissent à bras-le-corps du problème, et tentent d’allier prévention et solutions pour rendre leurs événements plus safe.
Ainsi, la semaine passée, lors du premier week-end du Hellfest, à Clisson (Loire-Atlantique), une toute nouvelle brigade, la Hell’Watch, veillait au grain. À sa tête, David Alglave, psychologue au CHU d’Angers (Maineet-Loire), spécialisé dans l’accueil des victimes et bénévole du Hellfest depuis une dizaine d’années. « La production voulait mettre en place une équipe dirigée par un professionnel, explique-t-il. J’ai recruté des bénévoles parmi mes étudiants en psychologie, habitués à l’accueil des victimes, mais aussi parmi des collègues psy. » En plus d’un stand de prévention, la présence de la Hell’Watch aurait un effet dissuasif auprès des potentiels auteurs de violences.
Une appli spécifique
Pour Béatrice Desgranges, titulaire d’un mandat égalité femmes-hommes au sein du Syndicat des musiques actuelles (SMA) et directrice de Marsatac, le secteur des musiques actuelles a toujours pris en charge la question de la prévention des risques (comme la consommation d’alcool ou de stupéfiants, la protection auditive...). En 2019, d’ailleurs, le festival marseillais intégrait une safe zone avec la présence d’une psychologue du CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles), pour commencer la sensibilisation des festivaliers et des équipes de bénévoles. Un an plus tard, alors que les festivals n’avaient pas lieu en raison de la pandémie de Covid-19, Safer était créé. Dispositif « à 360 ° », il regroupe une application (qui permet d’alerter les actes et propos déplacés pour les festivaliers), un dispositif de formation et de sensibilisation des bénévoles et un site Internet ressource sur les questions de consentement et de violences sexistes et sexuelles en festival. Depuis, Les Déferlantes, à Perpignan, Musilac, à Aix-les-Bains, ou Les Vieilles Charrues, à Carhaix, ont choisi de développer le dispositif sur leurs événements. Mais, comme l’explique Béatrice Desgranges, Safer et des maraudes ne peuvent pas être une solution miracle au problème des violences sexuelles et sexistes en festival. « Si le festival ne s’engage pas sincèrement, ça ne pourra pas fonctionner. »