Cinéma « Athena », un film « spectaculaire », mais « creux »
Nos lecteurs et lectrices ont trouvé le dernier film de Romain Gavras visuellement réussi et bien interprété, mais trop incompréhensible, à cause d’un scénario flou
Àpropos d’Athena, le dernier film de Romain Gravas, nous avons demandé à nos lecteurs et lectrices leur avis sur l’oeuvre produite par Netflix, disponible depuis le 23 septembre. Il en ressort un consensus sur l’esthétique à couper le souffle de ce long métrage, porté par de jeunes acteurs convaincants, mais desservis par des rôles un peu clichés, au service d’un scénario faiblard, qui embrouille le message de l’oeuvre et provoque maintes incompréhensions.
Athena s’ouvre sur un plan séquence d’une dizaine de minutes, grâce auquel Romain Gravas décline d’entrée ce qui fera la force de son film, «spectaculaire dès les premières minutes », comme le souligne David. « L’utilisation de plans séquences permet d’immerger le spectateur dans une action à couper le souffle. La chorégraphie, préparée au millimètre près, est exécutée avec brio », s’extasie Willou. Athena est un film sur la banlieue, mais donne au quartier des airs de cité grecque antique. Exit le rap, le réalisateur accompagne ses scènes épiques de chants grégoriens et de musiques martiales. « Un Radeau de la Méduse télévisuel accompagné de chants grégoriens dans les moments les plus violents, il fallait oser ! », salue Brigitte. Pour Cédric, la «bande originale un peu faible» de cette fiction sur la banlieue a le mérite de ne pas « tomber dans le cliché du rap ».
Une image « consternante » des banlieues
Des images stéréotypées, Anissa en a repéré plus d’une. « Montrer que les hommes de cités sont violents et incapables de faire une phrase correcte en français. Le rôle des femmes est complètement absent. » Abdelmajid est du même avis : « Marre de ce genre de film. Ils perpétuent les clichés sur les banlieues. Les réalisateurs ne font pas honneur aux quatrièmes générations d’immigrés, qui se battent chaque jour contre l’image consternante que véhiculent les “lascars des banlieues”. » Comme Willou, la plupart de nos lecteurs concèdent que le scénario n’est «pas le point fort de ce film», mais apprécient le jeu des acteurs, « tous aussi doués les uns que les autres », tranche
Lylou, et d’une « justesse remarquable », d’après Olivier. Beaucoup regrettent la pauvreté des dialogues de ces bons acteurs. « Si le scénario est simple, c’est parce que les images n’ont parfois pas besoin de mots, note Olivier. C’est au spectateur de comprendre ce qu’on lui donne à voir. » Sauf que le spectateur, parfois, a du mal à suivre. « Le scénario met à égalité flics et émeutiers, et l’histoire les fait combattre côte à côte contre l’hydre fasciste, mais la mise en scène contredit ce propos en jouant le face-à-face », analyse Antoine. Selon Lou, « le vrai sujet [qui est responsable de la mort du petit frère ?] est délaissé pour s’achever sur une résolution qui a tout du consensus mou », ce qui fait d’Athena un film « creux ». David propose une lecture originale : c’est « plus qu’un film de banlieue, de gentils jeunes et de méchants flics (ou l’inverse, d’ailleurs), c’est un film sur la valeur de l’information, du recul et de l’objectivité ».