Un combat pas si enfantin
Le poignant documentaire « Et les mistrals gagnants », en salles ce mercredi, suit le parcours de cinq jeunes patients résolument optimistes face à leur maladie.
Ambre ne se déplace jamais sans son sac à dos arborant la fée Clochette. Cette petite fille de 9 ans n’y cache pas son goûter, mais une pompe reliée à son coeur pour que, malgré sa maladie cardiaque, elle puisse faire du badminton, du toboggan et du théâtre. Ambre fait partie des cinq héros du documentaire Et les mistrals gagnants, qui sort ce mercredi au cinéma. Une plongée dans le quotidien grave et joyeux de cinq enfants confrontés à la maladie. Des couloirs d’hôpitaux et des soins réguliers ont envahi la vie de Charles, Ambre, Camille, Imad et Tugdual. Et pourtant, ils partagent leurs joies et leurs passions. Tugdual, en plein jardinage, assure face caméra : « Rien n’empêche d’être heureux. » La réalisatrice Anne-Dauphine Julliand a voulu montrer cette confiance en la vie avec ce documentaire sans pathos. « La pathologie, même grave, ne vient pas ébranler le quotidien des enfants, analyse-t-elle. Ils ne vivent pas malgré la maladie, mais avec. Ce qui est étonnant, c’est le naturel de cet optimisme. » Pour les parents, la tristesse, l’inquiétude et la fatigue s’ajoutent à un sentiment de culpabilité. Anne-Dauphine Julliand a perdu sa fille aînée d’une maladie incurable : « La seule façon de m’en sortir, c’était de caler mes pas sur ceux de ma fille. »
Empathie et insouciance
Contrairement aux préjugés, les sourires ne cachent pas une incompréhension. « Ils ne sont pas dans l’ignorance, car ils connaissent bien leur maladie, assure la réalisatrice. Ni dans l’innocence, car ils la comprennent. Mais dans l’insouciance. » Les jeunes héros du documentaire estomaquent par leur empathie. Imad, qui a de graves problèmes rénaux, assure « pour moi, ce n’est pas difficile, c’est pour vous que c’est difficile », essayant ainsi d’alléger la peine de ses parents. « La mère de Camille a accepté que l’on filme son fils à une seule condition : qu’on ne prononce jamais le mot “cancer”, se souvient la réalisatrice. Lui réussit à dire le mot “neuro blastome”. Mais un jour à l’hôpital, quand sa mère était absente, il nous a confiés : “Ici, tous les enfants sont chauves et ont un cancer, moi non.” » Il avait bien compris, mais respectait ainsi le secret attentionné de sa mère. « Les enfants malades protègent souvent leurs parents, confirme Bernard Golse, pédopsychiatre. Au point même que certains attendent que leurs parents soient prêts pour mourir. »