La prévention gagne du terrain
Une association multiplie les actions auprès des jeunes sportifs pour combattre le fléau de la pédophilie. Le foot ne semble pas encore en faire une priorité.
C’était il y a bientôt quatre ans. Sébastien Boueilh racontait, devant la cour d’assises des Landes, le calvaire qu’il a traversé dans les années 1990. Violé entre ses 12 et 16 ans par un ami de la famille qui l’emmenait au rugby, le colosse n’a pu tourner la page qu’une fois son agresseur parti menotté, le 29 mai 2013. Colosse aux pieds d’argile, c’est d’ailleurs le nom de l’association qu’il a fondée et à travers laquelle il raconte son histoire dans le but de sensibiliser enfants et éducateurs.
Collaborer avec des clubs
Quatre ans et des milliers de kilomètres parcourus plus tard, Sébastien Boueilh revendique 100 000 enfants sensibilisés, près d’un millier de témoignages et 1 300 sollicitations externes dont 200 ayant débouché sur l’ouverture de dossiers officiels. Des chiffres qui traduisent une évolution des mentalités, surtout auprès des clubs qui travaillent avec Colosse aux pieds d’argile. C’est le cas du Stade Montois, club de Pro D2, l’une des premières structures à avoir collaboré avec l’association. « On est vigilants, on ne tolère la présence de parents dans le vestiaire que chez les 6-8 ans et on surveille ce qu’ils font », raconte Jean-Pierre Sindic, responsable de l’école de rugby. L’éducateur landais note aussi une libération de la parole sur un sujet réputé tabou. « Autrefois, c’était tout sous silence, maintenant c’est un peu l’inverse. » Enfermé dans un mutisme destructeur pendant plusieurs années, Sébastien Boueilh ne peut qu’être comblé par la chute de cette barrière. « Il y a de plus en plus de parents qui m’appellent par rapport à des situations suspectes. » La prévention fonctionne et la méthode a fait ses preuves. A tel point qu’aujourd’hui la Fédération française de rugby a décidé de collaborer avec l’association. Les fédés de tennis et de basket, entre autres, travaillent aussi avec la structure. « On a été accueillis à bras ouverts partout où on est intervenu. Il y a une compréhension de notre discours », se réjouit Boueilh.