Près de trois électeurs de moins de 25 ans sur quatre se sont abstenus de voter dimanche lors du premier tour des législatives.
Et pas seulement parce qu’il faisait beau.
Les jeunes sont traditionnellement les champions de l’abstention. Le premier tour des élections législatives, dimanche, l’a prouvé : 73 % des moins de 25 ans, selon les chiffres de l’Ifop*, ne sont pas allés voter. Les membres de la communauté #MoiJeune interrogés par 20 Minutes avancent leurs raisons.
« Il faisait beau. » Le temps estival, le week-end passé, aurait poussé de nombreux jeunes à vaquer à d’autres occupations. « J’avais prévu d’aller voter, mais le beau temps m’a détournée des urnes… Aussi simple que ça ! » a lancé Marion. Morgane a, elle aussi, fait preuve de franchise : « Je n’ai pas voté, tout simplement parce qu’avec ce beau temps, je suis partie en week-end et je n’ai pas pu rentrer avant la fermeture des bureaux de vote […] Je n’aurais pas annulé ou raccourci mon week-end pour aller voter. » « Ça ne changera rien. » Pour Anne Muxel, sociologue du Cevipof, « le chiffre [de l’abstention des jeunes] n’est pas si impressionnant au vu de l’abstention générale ». Néanmoins, il souligne à nouveau la distance qui sépare les jeunes de la classe politique. « Lors des législatives, il y a le sentiment que les jeux sont déjà faits, que, quoi que l’on fasse, la situation est acquise et ne bougera plus », avance Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. « Je me suis abstenue parce que ça ne servait pas à grand-chose de voter; je ne voulais pas donner ma voix aux partis opposants pour ne pas bloquer le pays », explique Saphira. « J’ai l’impression que nous donnons des coups d’épée dans l’eau avec nos votes », abonde Ewen.
« Tous pourris. » Le rejet de la classe politique est également un thème récurrent. De nombreux jeunes ont le sentiment de ne pas être entendus ni représentés par les politiques. Et la défiance est très forte concernant la probité de ces derniers. Pourquoi Florian s’est-il abstenu ? « Les mecs et les nanas qui se présentent le font pour leurs carrières et non pour le peuple. » Kay renchérit : « Chacun d’eux est élu pour servir, prioritairement, ses propres intérêts. » Pour les politiques, une chose est sûre, changer le rapport à la jeunesse sera nécessaire pour espérer la concerner à nouveau.
* Enquête menée en ligne le 11 juin auprès de 2 009 électeurs, selon la méthode des quotas.