La mère d’Adelaïde repasse devant les juges
Cette mère est rejugée pour avoir abandonné son bébé, mort sur une plage de Berck
Une tétine, un hochet, quelques jouets et une brosse à cheveux. Ce sont les seuls souvenirs d’Adélaïde que les policiers ont découverts, le 29 novembre 2013, dans sa maison de Saint-Mandé (Val-de-Marne). Fabienne Kabou, sa mère, a nié quelques instants. Et puis elle a reconnu avoir abandonné, dix jours plus tôt, sa fillette âgée de treize mois sur une plage de Berck (Pas-de-Calais) alors que la marée montait. Condamnée à vingt ans de prison en juin 2016, cette femme de 40 ans va être rejugée pour assassinat par la cour d’assises d’appel du Nord, à partir de ce vendredi. L’histoire ne fait aucun doute : Fabienne Kabou a regardé les indices de marée sur son ordinateur, a conservé les billets du train qu’elle a pris jusqu’à Berck et a même laissé son vrai nom à l’hôtel Le Littoral où elle est descendue le soir du drame. Et pourtant « elle compte sur ce nouveau procès pour savoir enfin qui a tué son enfant », résume Fabienne Roy-Nansion, son avocate. Près de quatre ans après les faits, elle prétend toujours avoir été « commandée par une force supérieure », « une chose dont elle ignore le nom ». Elle n’explique pas son geste perpétré alors qu’elle était « pratiquement anesthésiée », selon ses mots.
Un nouveau visage ?
« Folle à lier! » résument plusieurs avocats de la procédure. Victime de « délire paranoïaque en secteur », précisent les psychiatres. Après l’avoir longuement examinée, ceux-ci ont conclu que son discernement était altéré, mais non aboli. « Leur diagnostic s’est joué à un cheveu près », précise Marie-Hélène Calonne, l’avocate du grand-père d’Adélaïde. Un cheveu qui lui vaut aujourd’hui d’être déclarée pénalement responsable. « Le problème, c’est qu’on attend d’un fou qu’il ait un entonnoir sur la tête et se roule par terre, pense Fabienne Roy-Nansion. Mais ma cliente est beaucoup plus complexe que ça. » Dotée d’un QI de 135, lettrée, Fabienne Kabou « ne sait pas faire une phrase sans utiliser l’imparfait du subjonctif ». Prétendant préparer une thèse sur le philosophe Ludwig Wittgenstein, elle est donc apparue froide, cassante et hautaine en première instance. Une carapace que rien n’est parvenu à fissurer. Cette nouvelle audience lui permettra-t-elle de montrer un autre visage ? Grâce à un traitement, elle serait aujourd’hui davantage dans l’émotion. « La semaine dernière, elle a pleuré à l’évocation de sa fille, note Fabienne Roy-Nansion. Cela n’était pas arrivé depuis très longtemps… »