Quand y en a plus, y en a encore ?
«C’est une histoire de fous. Mais quand on se balade tous ensemble, on est super fiers. » En grandissant avec ses parents adoptifs à Vézeronce, à deux pas de Bourgoin-Jallieu (Isère), Sandrine, fille unique, n’aurait jamais pu imaginer faire un jour partie d’une immense fratrie. Cette femme de 39 ans, née sous X, a retrouvé en juin son frère Emmanuel, 41 ans, également abandonné par leur mère biologique en 1976 à Grenoble. Suprenantes, ces retrouvailles en cachaient d’autres. « Nous avons huit autres frères et soeurs, et sans doute bien d’autres encore »*, confie Sandrine qui, depuis 2008, tente de recomposer le puzzle familial et le récit de sa mère biologique et de son père, mort il y a deux ans. « A 18 ans, lorsque j’ai consulté mon dossier au Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (Cnaop), j’ai découvert que j’avais un frère né sous X, que ma mère s’appelait Eliane et était née en 1954 », se souvient Sandrine. Pendant dix ans, elle multiplie les démarches pour les retrouver. Elle laisse notamment des messages sur des forums consacrés aux nés sous X. Aucun signe jusqu’en 2008. Un homme la contacte. Il ne s’agit pas d’Emmanuel, mais d’un autre de ses frères, élevé par ses parents biologiques. « Quand j’ai su que j’avais une aussi grande fratrie, je ne savais plus où j’étais. Ils m’ont tous très bien accueillie. Mais je savais que nous avions encore un autre frère à retrouver », ajoute la jeune femme.
« Je voulais tout savoir »
Presque dix ans s’écoulent encore avant qu’Emmanuel ne cherche à son tour à connaître la vérité sur ses origines. En 2008, il avait consulté son dossier, mais n’était pas allé plus loin. « J’avais ma vie, je n’étais pas prêt », raconte-t-il. Puis, en juin, il décide, sur un coup de tête, de traîner sur les réseaux sociaux et les forums. Il laisse un message sur l’un d’eux, avec le peu d’éléments qu’il connaît sur ses parents biologiques. « Trois minutes après, l’administratrice de l’un des sites me répondait. Le soir même, je savais que j’avais neuf autres frères et soeurs, dont Sandrine habitant à deux pas. Je ne tenais plus en place. J’avais poussé la porte, je voulais la voir, tout savoir. » Trois jours après, ils se rencontraient et une semaine plus tard, Emmanuel découvrait à son tour le reste de sa fratrie, à l’occasion d’une fête. Une grande famille qui n’est sans doute toujours pas totalement reconstituée.