Bienvenue chez les frères Coen
« Bienvenue à Suburbicon » est réalisé par un George Clooney sous influence
Pour Bienvenue à Suburbicon, le réalisateur George Clooney s’est offert des scénaristes de choix. Les frères Ethan et Joel Coen, qui l’ont dirigé à quatre reprises, l’ont, avec le producteur Grant Heslov, épaulé pour écrire ce polar grinçant où un gamin est persécuté par son père, veuf et cupide. Et la patte des frangins est très reconnaissable.
Des acteurs familiers. George Clooney s’est entouré de comédiens adoubés par les Coen : Matt Damon que le duo a dirigé dans True Grit s’amuse en papa faussement propre sur lui. Julianne Moore, vue dans The Big Lebowski, s’éclate dans le double rôle d’une gentille maman et de sa soeur nettement moins recommandable. Et Oscar Isaac, remarqué dans le rôle-titre d’Inside Llewyn Davis, se délecte en agent d’assurances. Des personnages maladroits. Difficile de ne pas penser à Fargo devant ces personnages qui s’enferrent dans le mensonge et ne parviennent plus à en sortir. Et impossible de ne pas songer aux héros un brin idiots de Burn After Reading, tant ils accumulent les mauvaises décisions. Du polar et de la critique sociale. C’est dans la lignée de The Barber et Miller’s Crossing que s’inscrit cette histoire d’un enfant en danger, hommage au film noir teinté de critique sociale. George Clooney a été à bonne école auprès des frères Coen pour faire monter le suspense autour du jeune Noah Jupe, qui, comme la mamie de Ladykillers, est menacé par des hommes sans scrupule. Une Amérique désuète. Comme dans O’Brother, Bienvenue à Suburbicon plonge le spectateur dans des EtatsUnis fantasmés qu’on pourrait croire parfaits avant d’en découvrir les secrets et les mesquineries.
Du gore quand il faut. Les frères Coen n’ont jamais hésité à mettre les mains dans l’hémoglobine, comme le prouvent certaines séquences gorissimes de Sang pour Sang ou de Fargo. Clooney les suit sur cette voie sanglante. Tuer quelqu’un, c’est sale et difficile, comme en témoigne une scène de meurtre fort graphique.