Sécurité, il y a urgence
Face aux violences dans les centres hospitaliers, une réflexion est menée pour aider le personnel soignant. Le manque de moyens, financiers et humains, n’arrange pas la situation.
Le chiffre fait froid dans le dos. En 2016, selon l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), 14 508 atteintes aux personnes ont été relevées. Une violence quotidienne à laquelle s’ajoute la menace terroriste, et qui laisse bien souvent les personnels concernés démunis, dans un environnement de travail électrique et angoissant. C’est pour réfléchir à ces problématiques de sécurité que se déroule ce jeudi, à Nîmes (Gard), la première journée d’échanges du Club des directeurs et conseillers sûreté des établissements hospitaliers (CDSE). « Dans 7 cas sur 10, les agressions sont le fait de patients sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants, ou souffrant de problèmes psy : il faut avoir reçu une formation pour y faire face », explique Thierry Gaussen, chef du service sûreté du CHU de Nîmes et cofondateur du CDSE. C’est même une obligation, puisque les agences régionales de santé demandent aux hôpitaux de former leurs personnels à la gestion des violences. « On ne peut pas tout miser sur des caméras et des systèmes de télésurveillance, il faut de la ressource humaine, et cela demande des moyens supplémentaires », relève aussi Thierry Gaussen.
Revoir l’accueil des patients
Pour Ornella, infirmière en gériatrie dans un CHU, « il y avait moins de violences quand j’ai commencé à travailler il y a dix ans, mais nous avions plus de personnel ». Un constat que partage Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) : « Quand il y aura suffisamment de personnel pour maîtriser un patient psychiatrique qui pose problème, des agents formés en nombre suffisant pour accueillir les patients aux urgences et répondre aux questions de leurs proches, et qu’il y aura assez d’agents de sécurité hospitaliers, et non des vigiles non formés de sociétés prestataires, il y aura beaucoup moins de violences. » L’Amuf préconise également une réorganisation de l’accueil des patients. « Nous demandons depuis une quinzaine d’années des locaux adaptés et la mise en place de circuits spécifiques et indépendants au sein des urgences : un circuit pour les patients qui arrivent debout, un autre pour ceux qui arrivent couchés et un autre, doté de locaux sécurisés et surveillés, pour les patients dangereux, qui arrivent alcoolisés, drogués, ou qui sont amenés par la police, prescrit Christophe Prudhomme. Cela éviterait un grand nombre d’incidents. » Enfin, souligne Thierry Gaussen, « l’agression ne fait pas partie des risques du métier. En cas de violences, il faut donc faciliter le dépôt de plainte des soignants, au moyen de conventions hôpital-police-justice. »