Greffe générale ?
Fonctionnaires, agents de la SNCF, personnels des Ehpad... Ce jeudi, les syndicats espèrent faire converger les luttes sociales pour peser plus lourd face au gouvernement.
Agents de la SNCF, fonctionnaires, personnels des Ehpad, pilotes d’avion… Ils se mobilisent quasiment tous en même temps (lire ci-dessous), mais pour des causes différentes. Ce jeudi, au lendemain d’une journée « justice morte », la manifestation nationale des cheminots à Paris rejoindra ainsi le cortège des fonctionnaires. Et vendredi, ce sera au tour des salariés d’Air France de se mobiliser, pour réclamer des hausses de salaire. A ces protestations viennent s’ajouter les mouvements sociaux en cours à Carrefour et à Pimkie, pour s’opposer à des suppressions de poste. Sans oublier les seniors, qui s’alarment de la hausse de la CSG. « C’est un vrai printemps social qui s’annonce, observe Eric Ferrères, expert en relations sociales et chargé d’études chez Entreprise et Personnel. Il faudra voir combien de temps il va durer. »
Des intérêts différents
La fameuse « convergence des luttes », espérée par plusieurs syndicats, seraitelle sur le point de se concrétiser ? Le gouvernement ne le pense pas. « Certains souhaitent faire coaguler tous ces mécontentements. Si nous prenons le temps d’expliquer nos objectifs, cela ne prendra pas », veut croire la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans Le JDD. A l’automne, la mobilisation contre les ordonnances travail s’était vite essoufflée. L’exécutif espère que le même scénario se reproduira. Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne-Franche-Comté, abonde : « On est sur un mouvement social en peau de léopard. Chacun défend ses intérêts, qui sont assez différents : les salaires chez Air France, le statut de cheminot à la SNCF... » Pour Eric Ferrères, passé par la CGT-Cheminots, les revendications sectorielles ne sont pas forcément un obstacle à une amplification des mouvements sociaux : « Les syndicats peuvent s’appuyer sur ces préoccupations pour faire prendre conscience à l’opinion que tout le monde est concerné, et ainsi aller vers une convergence, observe-t-il. Par exemple, les retraités, avec la hausse de la CSG, et les salariés, avec des hausses de salaires jugées trop modestes en période de reprise, peuvent se retrouver sur le thème du pouvoir d’achat. » L’exécutif, conscient de l’enjeu, joue la carte de la légitimité. « La politique de transformation du pays (…) correspond au voeu profond des Français. Et [ils] ont confié ce mandat à Emmanuel Macron », a affirmé mercredi le porte-parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit.
Les sondages, eux, témoignent d’une opinion loin d’être unanime sur le sujet. Une enquête menée le 17 mars par Elabe montrait que, si 43 % des Français étaient « opposés ou hostiles » à la mobilisation syndicale des cheminots, 34 % l’approuvaient. Dans un autre sondage, réalisé par l’Ifop, 42 % des Français jugeaient le mouvement des cheminots « justifié ». ■