Le quotidien d’un collège raconté par une surveillante
l’ex-surveillante Nora Bussigny a écrit un livre sur son expérience dans un collège de banlieue
Ce sont les vigies des collèges et des lycées. Pourtant, le rôle des surveillants (les assistants d’éducation, ou pions) n’est pas valorisé, déplore dans Survaillante (Ed. Favre) l’étudiante en lettres Nora Bussigny.
Etre surveillant, c’est bénéficier d’un poste d’observation privilégié du monde adolescent…
Oui, car c’est un poste estudiantin, souvent précaire, que l’on peut exercer seulement six ans. Pourtant, notre rôle est très utile, car nous sommes aux avant-postes de tout ce qui trame dans l’établissement. L’Education nationale ne valorise pas suffisamment ses assistants d’éducation.
Les élèves semblent souvent dans un rapport de force avec les assistants d’éducation, non ?
Pour les élèves, le surveillant est à la fois une incarnation de l’autorité et un confident que l’on tutoie. Ils se sentent trahis lorsque l’on endosse notre rôle d’encadrant après avoir discuté avec eux dans la cour. Ce qui peut susciter une forme de rejet chez eux. Et si les élèves d’établissements difficiles sont parfois insultants et agressifs avec nous, c’est aussi parce qu’ils ont l’impression que c’est la seule manière de se faire respecter.
Les établissements « chauds » ont-ils les moyens humains de réduire les conflits entre élèves ?
Non, pas vraiment, car les assistants d’éducation sont toujours en sous-effectifs. Un jour, dix bagarres ont éclaté en même temps dans la cour. C’était l’anarchie totale. J’ai même pris un coup en voulant séparer des élèves. C’est grâce à l’intervention de plusieurs enseignants que la situation s’est calmée.
A vous lire, les sanctions prises à l’égard des élèves en cas de dérive ne semblent pas très efficaces…
Une heure de colle, ça ne sert à rien, car l’élève ne s’interroge pas sur ses agissements. Il faudrait mettre en place des punitions plus éducatives, comme des tâches d’intérêt général, pour permettre une meilleure prise de conscience. Je pense aussi qu’un psychologue devrait être à temps plein dans les établissements les plus difficiles. Beaucoup d’élèves vivent dans la pauvreté, au sein de familles en difficulté... Si l’on prenait davantage en compte leurs problèmes, le climat scolaire y gagnerait certainement.