Le traitement psychologique des demandeurs d’asile dénoncé
Alors que le projet de loi « asile et immigration » est en discussion à l’Assemblée nationale, un collectif strasbourgeois de psychiatres, de psychologues et de psychanalystes a dénoncé dans Le Monde ce qu’ils appellent la « présomption de mensonge ». Selon ces spécialistes, elle s’appliquerait notamment lors de la délibération des commissions qui donne ou non le droit d’asile aux migrants et réfugiés, et faciliterait leur expulsion.
Ces commissions sont « formellement un tribunal, c’est impressionnant, témoigne Vincent Feireisen, signataire de la tribune et membre de l’Etablissement public de santé Alsace-Nord à Strasbourg. Le dis- positif, tel qu’il est mis en place, est en lui-même traumatisant, or ces personnes ont souvent été victimes de persécutions lors de leur parcours migratoire, elles sont dans un tel état qu’elles mettent en place des défenses psychiques. Comment parler du meurtre de son petit frère, de son ami et du viol collectif ? » Effet collatéral, trop de personnes sont alors jugées peu convaincantes lors de ces commissions, parce que trop distantes ou incohérentes, trop mécaniques ou trop souriantes, etc.
« Il faut du temps pour raconter, insiste Vincent Feireisen, et la réduction des délais prévue dans la nouvelle loi ne va pas dans ce sens. »