D’ex-salariés de SFR contestent le plan de départs volontaires
Des anciens salariés de SFR contestent le plan de départs volontaires de 2016
Pour des centaines d’anciens salariés de SFR, ces deux dernières années ont un goût très amer. Officiellement, ils ont choisi de bénéficier du plan de départs volontaires (PDV) signé à l’été 2016, et qui les a conduits, comme près de 5000 autres personnes, à quitter l’entreprise. Mais, selon plusieurs témoignages recueillis par 20 Minutes, SFR aurait tout fait pour les pousser à partir. Au total, plus de 300 dossiers de ce type ont été centralisés par l’avocat Romain Geoffroy. Cette semaine, il doit commencer à les déposer à différents conseils de prud’hommes (Marseille, Nantes, Paris, etc.). Son but : obtenir des indemnités pour tous les ex-salariés qui s’estiment lésés, ainsi que l’invalidation du PDV. «Je ne vois pas comment SFR va expliquer aux juges que 5 000 personnes ont subitement voulu entamer une reconversion professionnelle, affirme l’avocat. Le consentement des salariés a été obtenu par des manoeuvres déloyales. »
L’une des plaignantes, Christine, témoigne de la lente dégradation de ses conditions de travail pendant sa dernière année passée à SFR : «Après l’annonce du PDV, on nous a mis beaucoup de pression, raconte cette ancienne conseillère du service fidélisation de Marseille. On nous a dit que, si l’on restait, on allait nous mettre à un autre poste, sans rapport avec nos qualifications. La direction nous a même expliqué que nos primes allaient être supprimées, pour garder seulement notre salaire de base : cela aurait divisé ma rémunération par deux. » Marie-Laure Pinto, ex-salariée de SFR à Nantes, abonde : «Je ne voulais pas partir, témoigne cette ex-déléguée syndicale. Mais, tous les mois, la direction nous parlait sans cesse de reclassements, de formations. On recevait des mails plusieurs fois par semaine sur ce sujet. Et, à partir du mois d’avril 2017, un fichier listait le nombre de places restantes pour profiter du PDV. » Peu à peu, elle perd pied. «C’est comme quand vous avez un incendie dans un immeuble : certains décident d’attendre, d’autres
décident de sauter par la fenêtre. Là, on s’est dit : “On saute.” » Contactée le 19 juin par mail pour réagir à ces témoignages, la direction de la communication du groupe Altice (l’entité qui chapeaute SFR) n’avait pas encore répondu à 20 Minutes au moment de la publication de cet article. «Avec ce PDV, SFR a réalisé une opération d’économie pure et simple sur le dos des salariés, résume Romain Geoffroy. On les a utilisés pour faire remonter la trésorerie de la boîte. Le plus délirant dans tout ça, c’est qu’après le PDV, ils ont dû réembaucher des cadres ! » Le 20 mars, Alain Weill, le PDG d’Altice France, a en effet reconnu qu’il allait peut-être devoir augmenter les effectifs du service clients. « Ils ont beaucoup joué avec nos nerfs, regrette Christine. Ils n’ont pas fait les choses correctement. J’ai beaucoup aimé travailler à SFR, mais je regrette la manière dont ça s’est terminé.» Pour l’avocat, l’action lancée contre SFR n’est pas une fin en soi : elle vise aussi à en finir définitivement avec les plans de départ volontaire (lire l’encadré). Nicolas Raffin
« Un consentement obtenu par des manoeuvres déloyales. » Romain Geoffroy, avocat des plaignants