Le SOS des pompiers
Réunis en congrès à partir d’aujourd’hui, les soldats du feu, de plus en plus victimes d’agressions lors de leurs interventions, réclament des mesures fortes pour assurer leur sécurité.
C’était la première fois depuis dix ans qu’un tel drame se produisait. Le 4 septembre, à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), un jeune sapeurpompier a été tué par l’homme qu’il était venu secourir. Un décès symptomatique des violences que subissent régulièrement les 246800 pompiers volontaires ou professionnels. Selon les derniers chiffres de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, le nombre de soldats du feu victimes de violence a augmenté de 17,6 % entre 2015 et 2016. Cette année-là, ils étaient 2280 à déclarer avoir été agressés. Comment davantage sécuriser leurs interventions? La question sera débattue lors du congrès annuel de la Fédération nationale des sapeurs pompiers de France (FNSPF), qui commence ce mercredi à Bourgen-Bresse (Ain).
#TouchePasAMonPompier
Les sapeurs-pompiers sont confrontés à deux types de risques. Il y a d’abord les violences qu’ils subissent dans certains quartiers sensibles. «On les caillasse parce qu’ils portent un uniforme et qu’ils représentent l’Etat, déplore André Goretti, président de la Fédération autonome des sapeurspompiers. Les délinquants se sont passé le mot, c’est devenu un jeu pour eux. » Récemment, et par trois fois, les pompiers de Perpignan ont été la cible de jets de pierre au cours d’un même week-end. Des incidents qui les ont poussés à lancer sur les réseaux sociaux le mot-dièse #TouchePasAMonPompier. Face à cette situation, la FNSPF demande au gouvernement de «systématiser l’accompagnement des pompiers par les forces de l’ordre pour certains types d’intervention ou lorsqu’un risque est pressenti lors de la réception de l’appel ». Des protocoles ont déjà été mis en place, mais il est difficile pour les forces de police, déjà très sollicitées depuis les attentats de 2015, d’en faire davantage, reconnaît Eddy Sid, porte-parole d’Unité SGP Police-FO en Ile-de-France. Second type de risque, « les agressions individuelles, pour des raisons obscures [comme ce fut le cas dans le Val-de-Marne]», rapporte Eric Flores, conseiller technique du président de la FNSPF. Comment les prévenir ? «Si l’alerte est bien gérée, et que l’on sait dès le départ qu’on a affaire à une personne déséquilibrée, on doit être accompagné par les forces de police et par un médecin », estime André Goretti. C’est la raison pour laquelle les pompiers plaident pour un numéro unique français, à l’image du 112 européen. «Nous aurons ainsi des plateformes communes interservices – police, gendarmerie, Samu – qui nous permettront d’avoir le plus d’informations possible avant de nous rendre sur les lieux», détaille Eric Flores. En attendant, les pompiers peuvent désormais porter, à l’instar des policiers, des caméras individuelles filmant leurs interventions. « Elles ne les protègent pas, mais permettent de savoir comment s’est passée l’intervention, de faire des retours d’expérience et d’avoir des éléments pour, éventuellement, déposer plainte », relève Eric Flores.