Des transformations rapides attendues au nom de la Terre
Limiter le réchauffement climatique à +1,5°C nécessitera d’arriver à la neutralité carbone d’ici à 2050. Comment faire ?
Une baisse des rendements de denrées de base dans plusieurs régions du globe. Moins d’eau disponible. Un nombre accru de réfugiés climatiques… Un réchauffement des températures à l’échelle du globe de 1,5 °C d’ici à 2100 (par rapport à la période préindustrielle) aura des impacts sur la vie sur Terre. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’a réaffirmé dans son dernier rapport, publié lundi à Incheon, en Corée du Sud. Comme il a redit que, si le monde voulait limiter ce réchauffement à 1,5 °C, il devait engager des transformations « rapides » et « sans précédent ».
Parmi elles, atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire le point d’équilibre à partir duquel le monde génère moins d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère que la Terre n’est capable d’en retirer. Nous en sommes loin. Prenons le cas de la France. «Dans notre scénario, pour y parvenir, nous devrons arriver à un total d’émissions de 70 millions de tonnes équivalent CO2 en 2050, annonce Stéphane Châtelain, directeur de négaWatt, association d’experts en énergie. Nous en émettons 470 millions aujourd’hui. » Comment inverser la tendance?
Puits de carbone en danger
Une idée serait d’accroître les capacités de la Terre à capter et stocker du carbone. C’est le rôle des puits de carbone naturels que sont nos océans, forêts, prairies, mangroves. Le problème, c’est qu’ils « sont eux-mêmes touchés par le réchauffement climatique et certains de nos comportements, rappelle Lola Vallejo, directrice du programme climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Il faudra changer nos pratiques agricoles, assurer la conservation des forêts, lutter contre l’urbanisation des littoraux… » D’autres vont plus loin et planchent sur des solutions technologiques pour créer des puits de carbone artificiels. «L’une d’elles consisterait à fertiliser les océans en y injectant du fer afin de stimuler la réaction de photosynthèse du phytoplancton et lui permettre ainsi de stocker du carbone», indique Lola Vallejo. Encore faudrait-il que ces solutions soient «matures» et déployées à l’échelle internationale.
Il ne reste guère qu’à réduire les émissions mondiales de CO2 de 45% d’ici à 2030. Les décideurs politiques, et nous-mêmes, le voudrons-nous? Par exemple, « pour qu’il n’y ait plus aucune combustion d’énergies fossiles en 2050 dans les transports, le bâtiment, l’industrie et l’énergie, il ne faudra plus aucun litre de pétrole dans nos véhicules, plus de bâtiments chauffés au fuel, plus de centrales à charbon… », prévient Stéphane Châtelain.