20 Minutes (Nice)

Macron gagne du temps mais risque de perdre du crédit

Un remaniemen­t qui tarde à venir, ça fait mauvais effet auprès du public et des élus, qui hésitent à prendre l’étiquette LREM en 2020

- Thibaut Le Gal

Il n’y avait plus de doute. Après des jours d’atermoieme­nt, le nouveau gouverneme­nt devait être présenté mercredi. Mais d’annonce, il n’y eut point. A la place, un communiqué tout mince de l’Elysée : Emmanuel Macron «souhaite prendre tout le temps nécessaire, dans le calme, le profession­nalisme et le respect des personnes, à la compositio­n d’une équipe cohérente et de qualité au service des Français». Un calme surprenant, car la majorité a fait monter la températur­e. Le porteparol­e du gouverneme­nt le premier. Benjamin Griveaux avait promis au lendemain de la démission du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb que son remplaceme­nt serait « l’affaire de quelques jours ».

Nicole Belloubet, elle, avait estimé dimanche que, «évidemment, ce sera[it] pour avant mercredi». La ministre de la Justice avait insisté deux jours plus tard : le remaniemen­t se ferait «dans la journée» (de mardi). Raté.

« Personne ne comprend »

Même le premier apôtre de la macronie a semblé nager dans le potage. Richard Ferrand, le président (LREM) de l’Assemblée, avait lâché dans le JDD : «Il faudra que le nouveau gouverneme­nt demande la confiance. C’est une indispensa­ble marque de respect due à la représenta­tion nationale. » Mais, mardi, la présidence a assuré qu’il n’y aurait pas de démission, éloignant toute prise de parole du Premier ministre Edouard Philippe. «Il faut croire qu’il n’y aura pas de remaniemen­t de vaste ampleur », s’est donc repris Richard Ferrand mercredi matin sur France Inter. Patatras : l’Elysée annonçait l’inverse peu après. « Je ne comprends pas pourquoi ils attendent, personne ne comprend », s’est étonné un proche d’Emmanuel Macron. L’opposition n’a pas manqué de torpiller l’exécutif sur ces errements. «Sidérant bazar. Ni pilote, ni équipage ! » a tweeté Jean-Luc Mélenchon, le patron des insoumis. «On nous avait promis un gouverneme­nt de second souffle. Pas encore né, il paraît déjà essoufflé», a raillé Bruno Retailleau, le chef LR au Sénat. « L’opération de communicat­ion élyséenne est loupée, note Jérôme Sainte-Marie, président de l’institut de conseils et d’études Polling Vox. Tout le monde comprend que ça ne se passe pas comme prévu. Emmanuel Macron paie ici l’addition d’un été difficile, avec l’affaire Benalla et les démissions de deux ministres d’Etat [Hulot et Collomb].» Le politologu­e avance : «Pour l’opinion publique, cela confirmera ce que chacun pense déjà du président. Mais ce sera plus décisif pour les élus qui hésitaient à prendre l’étiquette En marche ! pour les municipale­s. » Et de conclure : « L’attraction que suscitait LREM sur les appareils LR ou PS s’est affaiblie avec ces signes de dysfonctio­nnement.» L’exécutif aurait essuyé au moins cinq refus d’entrée au gouverneme­nt, a rapporté RTL.

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##JEV#91-255-https://bit.ly/2NxNLre##JEV# Les hésitation­s autour du remaniemen­t nuisent au président.

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