20 Minutes (Nice)

« Trouver du travail et me débrouille­r »

Au CFA de Cannes, une classe forme les mineurs étrangers isolés aux métiers de la cuisine

- Fabien Binacchi

Au tableau, Mamadouba Camara raconte son histoire. Son périple. Un voyage long de six mois qu’il retrace sur une carte du monde, en partant de la Guinée-Conakry pour arriver jusqu’à Cannes. « Je suis passé par le Mali, le Niger, l’Algérie, la Libye, la Méditerran­ée dans un zodiac avec 120 personnes, et l’Italie », expliquet-il devant d’autres jeunes migrants, comme lui. Fin de l’exercice. Une bonne occasion de pratiquer la langue. Car, mercredi matin, c’était cours de « français renforcé » pour la classe de mineurs isolés étrangers du Centre de formation des apprentis (CFA) de Cannes. Depuis quatre ans, l’établissem­ent hôtelier de la cité des festivals les accueille dans un dispositif spécial d’accompagne­ment, avec CAP cuisine à la clé.

Diplôme et insertion

« Nous avons commencé avec une classe qui était essentiell­ement composée de Bangladais. Nous étions à 100 % de réussite à l’examen et 100 % d’insertion profession­nelle, explique Dominique Pons, le directeur du CFA. Ce sont souvent des établissem­ents, et notamment des restaurant­s [un secteur en tension, où l’offre d’emploi est plus forte que la demande], chez qui ils vont taper à la porte et qui nous les amènent. » En deuxième et dernière année de ce cursus, Mamadouba et sa vingtaine de camarades passent une semaine au centre de formation (avec des cours théoriques et pratiques) pour trois semaines derrière des fourneaux en entreprise. Avec parfois des galères administra­tives et des problèmes de foyer à régler. « Je suis venu tout seul pour aider ma famille. Mon père est malade et il ne peut pas travailler, raconte Noman Hassan, venu du Pakistan. Je suis en apprentiss­age dans un restaurant d’Antibes. Et je dois passer le permis de conduire. C’est comme ça que je pourrais trouver rapidement du travail et me débrouille­r. »

De l’entrain, de la volonté... Le corps enseignant témoigne volontiers de la « grande motivation » de ces étudiants primo-arrivants. « Ces situations souvent dramatique­s qu’ils ont traversées pour arriver jusque-là leur donnent l’envie d’y arriver, témoigne Yves Teboul, professeur de français. Certains viennent de pays francophon­es, d’autres pas. Et ils s’entraident. Ils sont matures et responsabl­es, par la force des choses. » Jusqu’à atteindre des sommets. Le Bangladais Ariful Islam Mozumder, formé au CFA de Cannes, vient de décrocher une médaille d’or au prestigieu­x concours des Meilleurs apprentis de France.

« Les drames traversés donnent l’envie d’y arriver.» Yves Teboul, professeur de français

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Mercredi matin au CFA de Cannes, en plein cours de « français renforce ».

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