Slimani ressort la tête de la mêlée
Le pilier clermontois, dont la position dans l’épreuve de force a été contestée, est tout de même en équipe de France
C’est la dernière incohérence en date du rugby français. Laisser sur le banc, samedi, notre meilleur pilier droit contre la mêlée sud-africaine, la plus sanguinaire du monde. Estimonsnous heureux, Rabah Slimani n’était même pas dans la liste initiale, fin octobre. «On voulait qu’il ait plus de volume dans le jeu, résume Sébastien Bruno, coach des avants. Etre plus réactif, se remettre debout plus vite. Rabah n’était pas pris au départ, mais ce n’était pas une punition.» Le Clermontois était aussi dans le viseur des arbitres anglo-saxons depuis quelques mois. L’ex referee Alain Rolland s’en était même ouvert au staff tricolore avant la tournée d’automne 2017 : attention à la liaison de Slimani, accusé de faire plonger son adversaire lors des mêlées. Un avertissement accompagné d’une démonstration pratique : trois pénalités et un jaune contre les Blacks. Même tarif contre les Anglais lors du Tournoi des VI nations. L’ancien joueur du Stade Français fait comme s’il avait oublié : «J’ai l’impression qu’on me juge sur deux matchs. Sur tous les autres, on ne m’a jamais cassé la tête par rapport aux liaisons. On me parle d’arbitres anglo-saxons qui me ciblent en mêlée, mais je n’en connais pas beaucoup.» Conscient de marcher sur un fil, il a accepté de courber l’échine. « Je lui ai expliqué que c’était important qu’il montre une “bonne” photo de sa posture aux arbitres lors de la construction de la mêlée, explique Didier Bès, entraîneur des avants de Clermont. Mais il ne faut pas croire que les arbitres de World Rugby ne savent pas ce qu’il se passe en Top 14. Le championnat ne prépare pas au niveau international.»
Un reproche habituel : la différence culturelle entre la mêlée telle qu’on la conçoit en France, une véritable épreuve de force, et ailleurs, un ralentisseur de jeu rapide. « Je ne pense pas que ce soit parce que les arbitres jugent différemment, je pense qu’ils arbitrent le jeu qu’on leur offre, tout simplement », nuance Joël Dumé, directeur technique national des arbitres tricolores. Lui n’a jamais rien eu à redire sur Slimani. Historiquement dominatrice sur la durée, la mêlée française s’adapte. Elle a même reçu les compliments d’Alain Rolland au cours de l’été. «Il a été satisfait de notre discipline en Nouvelle-Zélande, confirme Bruno. Je ne pense pas qu’on soit pointé du doigt cet automne. » La remarque vaut aussi pour Slimani, félicité par l’arbitre Nigel Owens lors d’un match de Coupe d’Europe. Le début du retour en grâce?
« J’ai l’impression qu’on me juge sur deux matchs. » Rabah Slimani