Des habitants du 4, rue de Belgique témoignent
A l’occasion d’une journée contre l’habitat indigne, zoom sur un « péril non imminent »
Quand Marina fait visiter son immeuble, elle fait le tour des volets intérieurs niçois, des fresques au plafond et des marches en marbre. Elle aimerait s’arrêter là. Mais la Niçoise est obligée d’évoquer le crépi qui tombe, la balustrade qui tangue et les barreaux des escaliers cassés. Marina habite au 4, rue de Belgique. Un immeuble placé en « péril non imminent » par la ville. « C’est un peu la cata. Les tuyaux sont cassés, l’eau s’infiltre, les craquelures se voient, pointe Marina, propriétaire depuis 2011. On ne vit pas dans des taudis. Ce n’est pas un problème d’appartement, mais de parties communes. »
Neuf immeubles en péril
Plusieurs syndics qui ont fait traîner les choses et le temps qui passe ont eu raison du bon état de l’immeuble. Depuis deux ans, un échafaudage a été posé pour protéger les passants des éventuels morceaux de crépis qui tombent. Et l’établissement a été placé sous administrateur judiciaire. « Notre immeuble ne va pas s’effondrer demain, dit-elle. Mais si on ne l’entretient pas, ça pourrait devenir comme l’immeuble de Marseille. Ça nous fait peur. » Même point de vue pour Jacques, qui vit au premier étage. « Si on ne fait pas de travaux sur les fuites encore pendant deux ans, les fondations pourraient être touchées », estime-t-il. Des devis de montants différents ont été réalisés pour commencer les travaux. En attendant, les riverains sont dans l’attente et l’inquiétude. A Nice, des immeubles connaissent des situations plus difficiles encore. La mairie a pris neuf arrêtés de « péril imminent ». « En 2018, plus de 250 visites ont déjà été réalisées, 200 courriers de sensibilisation envoyés et plus de 65 000 € ont été engagés pour des travaux de sortie de péril imminent », annonce la ville dans un communiqué. La semaine dernière, le conseil municipal a notamment voté le lancement d’une « campagne systématique de sensibilisation des syndics de copropriété à la problématique de l’habitat dégradé ».
Au-delà du péril, au 13 novembre 2018, 571 signalements d’habitations indignes et potentiellement insalubres ont été recensés dans les Alpes-Maritimes. « Notre département n’est pas plus touché qu’un autre, explique Franck Vinesse, souspréfet chargé de mission politique de la ville. La spécificité est que le foncier est rare et cher. Certaines personnes hésitent à signaler leur logement de peur de ne pas en retrouver un autre. » Conséquence : seuls 17 % des locataires sont à l’origine d’un signalement.
« Ça pourrait devenir comme l’immeuble de Marseille. » Marina, habitante d’un immeuble « en péril »