Le calvaire de porteuses d’implant
Des femmes racontent combien le dispositif Essure a détruit leur vie
Implants mammaires, prothèses de hanche, pacemakers ou encore prothèses vaginales : tous ces dispositifs médicaux ne feraient l’objet d’aucun contrôle, ou presque. C’est ce que révèlent les «Implants files», une vaste enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation. Parmi les implants mis en cause, on retrouve le dispositif Essure. Aujourd’hui interdit en France, cet implant de contraception définitive commercialisé par les laboratoires Bayer est à l’origine de nombreux incidents aux lourdes répercussions sur le quotidien des victimes. « J’ai passé sept ans avec des “bizarreries”, comme des malaises, des vertiges, des allergies diverses, des hernies discales, témoigne Virginie, une lectrice de 20 Minutes. En 2012, les choses se sont aggravées. J’avais des douleurs articulaires et musculaires insupportables qui m’handicapaient et qui ne m’ont pas permis de continuer la randonnée que je pratiquais depuis plusieurs années. J’avais aussi une fatigue ingérable qui me demandait de m’allonger plusieurs fois par jour, des problèmes digestifs énormes, des otites séreuses à répétition…» Même schéma pour Stéphanie, « implantée » en 2015. «J’ai fini par ne plus savoir marcher ni m’asseoir. A l’aube de mes 40 ans, j’avais l’impression d’avoir le corps d’une femme de 80 ans.» Pour Virginie, Stéphanie et d’autres, c’est le début d’une longue errance thérapeutique. «Je suis passée pour une femme faible, fragile et certainement névrosée», proteste Laurence. Le médecin de Valérie, qui ne parvenait pas à trouver l’origine de son mal, a fini par lui conseiller d’aller « consulter un psy, car mes douleurs étaient “dans ma tête” ». Comme pour de nombreuses autres victimes françaises, c’est au hasard d’une recherche sur Internet ou d’un reportage télévisé entendu d’une oreille distraite que la révélation a eu lieu. Ce fut le cas pour Emilie : «La
Stéphanie, Virginie et Valérie ont dû se faire retirer l’utérus et les trompes de Fallope.
femme qui parlait ne le sait pas, mais elle m’a sauvé la vie.» Il s’agissait de Marielle Klein, créatrice de l’association Resist », qui vient en aide aux patientes Essure.
La cause de leurs souffrances identifiée (une allergie au nickel, l’un des métaux qui constituent l’implant), le calvaire de ces femmes n’était pourtant pas terminé. La pose du dispositif étant définitive, pour l’ôter, Stéphanie, Virgine, Valérie ont dû se faire retirer l’utérus et les trompes de Fallope, notamment, pour, « enfin, revivre ». En France, 175 000 femmes ont été implantées avec Essure depuis 2005.