Sur les pavés, le règlement
La ville de Nice encadre l’activité de ses artistes de rue
Mardi matin, Steve Villa-Massone pose son piano rouge sur la place Massena et fait envoler quelques notes dans le ciel azur de Nice. « Je ne reste pas plus d’une heure au même endroit », assure cet artiste de rue. Mais en 19 ans de métier, Steve VillaMassone s’est fait déloger « presque tous les jours ».
Des mésaventures qui ne lui arriveront peut-être plus. La ville de Nice a décidé d’officialiser et d’« encadrer l’activité des artistes de rue » pour assurer « la tranquillité publique et le maintien du bon ordre ».
« La police de la culture»
Chaque artiste devra s’inscrire sur le site de la ville. Ensuite, une commission avec un élu délégué aux Arts dans l’espace public, un élu du conseil municipal, des représentants des commerçants, des riverains et des personnalités habiliteront, ou non, le musicien. « C’est un peu la police de la culture, estime l’élue EELV Juliette Chesnel, qui a voté contre cette délibération. Si on avait ce genre de choix et de règles partout, on n’aurait pas découvert Oxmo Puccino, Zaz, Edith Piaf. » Mais Juliette Chesnel n’est pas contre « une sorte de réglementation ». C’est ce qu’envisage également de mettre en place la ville, éditant un formulaire des « règles de bonne conduite ». Pour les musiciens sélectionnés, obligation de respecter la charte avec, entre autres, limitation à un artiste par lieu, prescription des activités de vente de CD et obligation de respecter les horaires : de 13 h à 22 h l’été, de 13 h à 20 h le reste de l’année. « Après 20 ans d’attente, je vais être autorisé à jouer, se réjouit Steve VillaMassone. Mais dans le règlement, on ne trouve pas les créneaux du matin. C’est pourtant le meilleur moment, où les gens s’éveillent et sont frais dans leur esprit. » Il retourne à ses mélodies matinales, avant que ce ne soit interdit.