20 Minutes (Nice)

Petits carnavalie­rs sans frontières

Des enfants réfugiés créent un char pour le corso officiel

- Mathilde Frénois

Rayana et Ilona n’ont jamais vu le défilé du Carnaval de Nice, ses grosses têtes et sa bataille de fleurs. Pourtant, ce sont ces enfants réfugiés qui sont en train de créer l’un des chars qui entourera le Roi du cinéma. Ils participen­t à un atelier d’insertion organisé par l’associatio­n niçoise ATE (Accueil Travail Emploi), un centre d’accueil pour les demandeurs d’asile. Rayana a 8 ans. Chaque semaine pendant les mois de janvier et de février, elle vient en minibus depuis l’Ariane jusqu’au Vieux-Nice. C’est dans l’atelier de l’artiste niçois Ben qu’elle élabore la sculpture à l’effigie... de Ben. « Il va avoir les cheveux blancs et un feutre à la main », détaille-t-elle en pointant la statue en carton-pâte. Avec sept autres enfants venus de Tchétchéni­e, de Géorgie, du Soudan et d’Algérie, Rayana utilise une technique ancestrale niçoise : « On mélange du papier, de la farine, de la colle et de l’eau pour faire la sculpture », dit-elle en s’interrogea­nt sur la grosseur du nez et la forme des yeux de la grosse tête. Une manière pour Rayana d’apprendre aussi l’esprit satirique du Carnaval. En plus du char, les enfants s’approprien­t la technique du lancer du paillassou et des danses traditionn­elles. Rayana a mis une jupe rouge, Ilona son chapeau de paille.

Deux sorties pour leur oeuvre

C’est l’activité préférée de cette Géorgienne de 8 ans : « J’aime les mouvements et le rythme de la danse, ditelle. En plus, on apprend un peu de culture niçoise en s’amusant. » Les petits danseurs entoureron­t la sortie du char. Ce sera le 13 février lors de la présentati­on devant le centre AnimaNice de l’Ariane. Puis viendra le grand jour : le dimanche 24 février au Carnaval officiel de Nice lors de la Parada nissarda, l’unique parade diurne de la quinzaine. « Beaucoup d’enfants niçois ne connaissen­t pas la culture niçoise, pointe Cristou Daurore, qui fait vivre le projet depuis onze ans. C’est un paradoxe car ce sont ces enfants réfugiés qui apprendron­t quelque chose sur Nice aux Niçois. C’est une manière pour eux d’être porteurs de cette culture. Ils en sont les ambassadeu­rs. » Et ils pourront aussi enrichir Nice de leur propre identité. Sur le char, la phrase de Ben « Cherchez la vérité » sera inscrite en Niçois. Ainsi que dans chacune des langues des enfants.

« C’est une manière pour eux d’être porteurs de cette culture. »

Cristou Daurore, animateur

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Huit enfants découvrent les techniques niçoises dans l’atelier de l’artiste Ben.

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