A l’école de la (ré)forme
Bientôt des activités sportives l’après-midi pour les élèves… Les ministres Roxana Maracineanu et Jean-Michel Blanquer dévoilent à « 20 Minutes » l’expérimentation qu’ils souhaitent lancer.
C’était le souhait le plus cher des dirigeants de Paris 2024, avant même d’obtenir l’organisation des JO. Que le sport et tout ce qu’il véhicule, des bienfaits pour la santé à une meilleure capacité de concentration, de la notion de collectif au dépassement de soi, infusent davantage dans la société. Le valoriser commence par l’école, évidemment. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, et Roxana Maracineanu, ministre des Sports, dévoilent ensemble pour 20 Minutes les aménagements qu’ils souhaitent mettre en place pour le sport scolaire.
Quelle doit être la place du sport à l’école ?
Jean-Michel Blanquer : Le sport est un sujet central pour l’école. On a besoin d’enfants qui entrent à l’école en confiance, et pour cela il faut un épanouissement complet de la personnalité. Cela inclut la dimension corporelle et toutes les valeurs véhiculées par le sport : l’esprit d’équipe, le respect d’autrui, le dépassement de soi, l’engagement. Pour cela, nous devons nous appuyer sur le sport scolaire pour franchir un nouveau palier.
Roxana Maracineanu : Le ministre de l’Education nationale a été la première personne que je suis allée voir après avoir été nommée [en septembre]. Personnellement, j’ai connu des difficultés à mener de front mon double projet, sport et études. Les sportifs qui vont participer aux Jeux en 2024 à Paris doivent pouvoir se dire que tout ce qu’ils mettent en oeuvre pour y arriver sera reconnu. Et qu‘ainsi, qu’ils deviennent des champions ou pas, leur savoir sera pris en considération par le monde professionnel. Il y a un vrai déficit de reconnaissance, de culture sport, en France...
R. M. : Nos sportifs ont réussi à avoir de très bons résultats malgré les difficultés. On essaie sans cesse d’améliorer des choses, mais nous ne sommes pas encore là où l’on rêverait d’être. Ce dont nous avons envie au ministère des Sports, et je crois que Jean-Michel Blanquer est d’accord, c’est que l’on puisse reconnaître un parcours sportif qui va de la maternelle à l’après-bac.
J.-M. B. : Il y a deux sujets, celui des champions d’une part et de l’ensemble des élèves d’autre part. Je n’oppose pas les deux ; ils sont vertueusement liés car ils nous aident à faire progresser la culture sportive à l’école au profit de tous. Je défends une vision complète du temps de l’enfant, non cloisonnée entre les ministères. C’est dans cet esprit que le plan Mercredi a été lancé à la rentrée 2018. Ce parcours pourrait démarrer dès la maternelle et appeler, à titre expérimental, des aménagements dans le temps scolaire de l’élève. Je pense par exemple aux après-midi, qui pourraient être libérés pour la pratique sportive. Est-ce à dire que vous envisagez de faire évoluer les rythmes scolaires ?
J.-M. B. : Nous travaillons avec le ministère des Sports sur des aménagements du temps scolaire afin de laisser une place plus importante au sport. Ce projet, « confiance et sport », s’adressera aux écoles et aux collèges qui souhaitent l’expérimenter. Je vais en discuter prochainement avec le ministre de la Culture pour voir comment nous pourrions intégrer la dimension culturelle à ce projet.
A quelle fréquence ? Un après-midi par semaine, par exemple ?
J.-M. B. : Non, ce serait plus que cela. L’appel à projets est en train d’être travaillé avec les deux ministères. On demandera aux écoles et aux collèges intéressés de nous dire ce qu’ils ont envie de faire. Toutes les formules sont envisageables dès lors que la priorité à l’apprentissage des savoirs fondamentaux à l’école primaire est respectée. L’école de la confiance, cela signifie que nous voulons un élève épanoui grâce à ses connaissances, mais aussi sa sociabilité et sa santé physique et psychologique.
« On demandera aux écoles et aux collèges intéressés de nous dire ce qu’ils ont envie de faire. »
Jean-Michel Blanquer