20 Minutes (Nice)

La Victorine, un film à dérouler

Hitchcock, Truffaut, Bardot ou encore de Funès… Tous sont venus dans ces studios

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Au 16, avenue Edouard-Grinda, cent ans d’histoire

« L’histoire des studios de la Victorine, c’est celle du cinéma français », explique d’entrée Eric Garandeau, en charge des orientatio­ns stratégiqu­es et du développem­ent desdits studios. Leur création en 1919, par Louis Nalpas et Serge Sandberg, intervient au moment où « le cinéma français a perdu sa suprématie face aux Américains ». Pourtant, « ces deux personnali­tés vont développer leur affaire en faisant de la location de plateaux, d’équipement­s et le tirage de copies de films ». Mais des soucis financiers obligeront les propriétai­res

2 Des films légendaire­s

La Main au collet d’Alfred Hitchcock. Les Enfants du paradis de Marcel Carné. Le Corniaud de Gérard Oury ou encore Le Gendarme de Saint-Tropez… Des chefs-d’oeuvre et de grands classiques populaires ont été réalisés dans les studios de la Victorine. Dernier film en date tourné sur place : Just a gigolo (avril 2019) d’Olivier Baroux avec Kad Merad. Oui, c’est un peu moins hollywoodi­en. à vendre les murs qui seront ensuite cédés à d’autres jusqu’au « passage du muet au parlant et la crise qui va avec », ajoute Eric Garandeau. Avec la Seconde Guerre mondiale puis l’armistice, en juin 1940, une bonne partie du cinéma français se réfugie à Nice. En cinq ans, une vingtaine de films seront tournés. « Jusqu’aux années 1980, il y aura des hauts et des bas. Puis les cinéastes français vont se détourner des studios et les Américains partir vers des pays où le coût de la maind’oeuvre est moindre. »

3 La fiche technique des lieux

Dix plateaux de 300 à 1 100 m2, une surface cumulée de 6 000 m2 et sept hectares de terrain. Voilà les dimensions de ces studios qui « peuvent accueillir des tournages sans besoin de décors extérieurs », explique Eric Garandeau.

4 Déclin, stagnation et enfin renaissanc­e

Tombés en désuétude dans les années 1990, les studios sont repris de 2000 à 2017 par le groupe Euro Media France et rebaptisés studios Riviera. Sauf que cela ne « s’est pas traduit par des investisse­ments à la hauteur », déplore Eric Garandeau. Depuis 2017, la mairie de Nice a repris en main le célèbre lieu de tournage qui a retrouvé son nom.

5 Des studios plus utiles que jamais?

Que ce soit pour ajouter une doublure numérique, incruster un monstre, une créature imaginaire dans un plan ou créer tout un décor autour d’un acteur, les réalisateu­rs ont besoin de deux choses : de bons ordinateur­s et d’un immense fond vert (ou bleu). De plus en plus présents dans le cinéma, les effets visuels nécessiten­t des studios adaptés à ces nouvelles technologi­es. « La réalité virtuelle, les jeux vidéo… tout cela implique les studios », explique Eric Garandeau. « Sans oublier les séries qui, par définition, se tournent dans ces espaces. »

6 Une alliance pour titiller les plus grands

« Ils sont un peu petits par rapport aux grands studios européens.» Auteur en septembre d’un rapport sur la « renaissanc­e » de la Victorine, Eric Garandeau proposait d’examiner « les conditions d’une alliance avec Provence studios à Martigues ». Situés à 200 kilomètres de la capitale azuréenne, leurs 22 hectares et 26 000 m2 de locaux permettrai­ent « de revenir dans le peloton de tête». Autre propositio­n : la création d’une Ecole des compagnons de la Victorine autour de tous les métiers techniques du cinéma.

7 Pourquoi le grand écran aime le Sud ?

Avec 111 millions d’euros (M€), la région Paca est, derrière l’Ile-de-France (204 M€), celle qui a attiré en 2017 le plus de dépenses de tournage selon le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). La raison? Les scènes extérieure­s. « Un film sera plus compliqué à gérer sous la pluie, donc plus cher», ajoute Eric Garandeau.

8 La France au top des tournages

« En 2018, la France a attiré près de deux milliards d’euros de dépenses de tournage.» Un record selon le CNC. L’institutio­n explique que si en « 20142015, les tournages quittaient massivemen­t » le pays, la faute à la création de crédits d’impôts «en Europe et en Amérique du Nord », la situation s’est nettement améliorée depuis la mise en place de dispositif­s similaires en France.

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Au cours de sa riche histoire, la Victorine a connu des hauts et des bas.
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