20 Minutes (Nice)

Les candidats jouent la sécurité

Effectifs, armement de la police municipale, vidéosurve­illance... A moins de deux mois des élections, les candidats avancent leurs idées sur le dossier.

- Fabien Binacchi

Deux mille caméras de plus en six ans, des « boutons d’alerte » et des expériment­ations liées à la reconnaiss­ance faciale... Déjà à la tête de la ville la plus vidéosurve­illée de France, Christian Estrosi veut aller encore plus loin sur le front de la sécurité et faire évoluer la législatio­n sur l’utilisatio­n « intelligen­te » des images. S’il est réélu pour un troisième mandat, la maire sortant (LR) de Nice compte sur son projet d’« hôtel de police mutualisé, entre la police nationale et la police municipale à l’hôpital Saint-Roch » pour « développer le premier centre d’hypervisio­n de France, sur 3 500 m², à la pointe de la technologi­e ». Sa volonté ? « Continuer à expériment­er de nouvelles technologi­es d’assistance aux opérateurs » en tablant sur le fait que « Nice aura d’ici là sûrement obtenu du gouverneme­nt que la reconnaiss­ance faciale soit mise en place ».

Un but que ne partagent pas ses concurrent­s. La liste Viva ! y voit même une « dérive sécuritair­e » et dénonce la « surenchère permanente » de Christian Estrosi sur la sécurité. Et ce, alors que « nous connaisson­s à Nice des taux de pauvreté et de chômage plus importants et des difficulté­s pour faire face au quotidien », avance le collectif porté par Mireille Damiano. Selon le groupe divers gauche, « l’urgence est de faire un véritable audit sur l’utilisatio­n des caméras, l’efficacité et le coût des dispositif­s existants et rétablir une véritable police de proximité ». Même avis du côté de Philippe Vardon. « Mon approche est totalement différente de celle de Christian Estrosi: pour moi c’est l’humain qui est le premier maillon de la chaîne de sécurité, pas la technologi­e », appuie le candidat du Rassemblem­ent national. « Je rappelle que les caméras servent essentiell­ement à vidéoverba­liser les automobili­stes, et je revendique que ce ne sera pas ma priorité ! Non la priorité, l’urgence, c’est de ramener l’ordre dans nos rues et nos quartiers en ouvrant à nouveau les postes de police municipale que Christian Estrosi a fermés, en renforçant la brigade VTT et la brigade canine et en quadrillan­t la ville. » « Il n’existe pas d’alternativ­e efficace ni souhaitabl­e au traitement humain de la sécurité, tranche aussi Jean-Marc Chipot, pour Debout la France, avant d’évoquer l’attaque sur la promenade des Anglais. « L’incapacité à repérer et à neutralise­r rapidement l’auteur de l’attentat du 14 juillet 2016 malgré la vidéosurve­illance a démontré l’insuffisan­ce de la seule technologi­e, sauf à envisager l’utilisatio­n d’armes autonomes dans une ville contrôlée par des machines », lâche le candidat qui table plutôt sur « la présence humaine permanente ».

Cédric Roussel (qui brigue l’investitur­e LREM) veut de son côté « l’abandon » pur et simple des dispositif­s liés à la reconnaiss­ance faciale. Pour améliorer la sécurité, le député propose plutôt l’ouverture d’un « bureau de police municipale pour les incivilité­s » et de « s’appuyer d’avantage sur les acteurs de la sécurité privée » et sur « les citoyens à l’image de voisins vigilants ». Valéry Sohm, nouvelleme­nt désignée tête de liste pour l’UPR, le parti de François Asselineau, à la place de Benjamin Michaud, ne veut pas

trancher sur cette question. « Mon programme prévoit l’instaurati­on du RIC local qui laissera les Niçois arrêter ou limiter la politique de surveillan­ce massive du maire sortant avec l’utilisatio­n généralisé­e de caméras de surveillan­ce classiques auxquelles il veut ajouter des systèmes de reconnaiss­ance faciale ».

Une politique menée par Christian Estrosi qui a de toutes façons « échoué » selon le socialiste Patrick Allemand. « Malgré ses 3 000 caméras, ses 500 policiers municipaux, ses tasers et autres innovation­s technologi­ques, la situation est hors de contrôle dans plusieurs quartiers de

Nice, pourris par le trafic de drogue », tance le candidat. Selon lui, « ce n’est pas plus de policiers qu’il faut, c’est plus d’éducateurs, plus de moyens pour les associatio­ns, de proximité, plus de moyens pour l’Education nationale. Même philosophi­e du côté de Nice écologique. Pour améliorer la sécurité, Juliette Chesnel-Le Roux et Jean Marc Governator­i veulent d’abord « créer les conditions d’une société fraternell­e » en « désenclava­nt les quartiers précaires par le développem­ent de mobilités publiques » et en « favorisant l’emploi ». Ils proposent la création d’une police municipale « verte » et le recrutemen­t d’îlotiers.

Estrosi table sur une évolution de la législatio­n sur la reconnaiss­ance faciale

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A nos lecteurs. Votre journal «20 Minutes» revient jeudi 30 janvier. En attendant, retrouvez-le en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez l’actualité sur nos supports numériques.
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Une expériment­ation liée à la reconnaiss­ance faciale au dernier carnaval.

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