Sauvages, les virus
Des milliers de personnes sont contaminées par le coronavirus chinois, dont l’origine est probablement un animal sauvage.
L’épidémie de coronavirus ravive des souvenirs douloureux en Chine. Il y a dix-sept ans, le virus du Sras, transmis par un animal, avait fait 800 morts. A l’époque, le contact avec des animaux sauvages avait été reconnu responsable de l’apparition de l’épidémie. Dix-sept ans plus tard, ces animaux se consomment toujours sur les marchés chinois, et semblent être à l’origine du nouveau coronavirus, baptisé 2019-nCoV. La Chine vient d’interdire «temporairement » leur vente par crainte d’aggraver l’épidémie. Serpents, rats, louveteaux, salamandres… On trouvait de tout sur les étals du marché de Wuhan, avant sa fermeture. « Les premières personnes concernées par le virus avaient toutes ce marché en commun», explique Jeanne Brugère-Picoux, professeure honoraire de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfortville. Selon les premières études, le coronavirus viendrait lui aussi d’un animal: la chauve-souris. Le volatile l’aurait transmis à une espèce mystère, qui aurait fini par contaminer l’homme. De leur côté, les chercheurs pointent du doigt la trop grande proximité entre les animaux et les hommes sur ces marchés. «C’est très lié à la densité de la population, précise Antoine Gessain, chef de laboratoire à l’Institut Pasteur.
La Chine est un pays très dense, dans lequel on achète des animaux sauvages, parfois vivants, pour les manger. Et ça, ce sont des facteurs de risques non négligeables.» Sans oublier la disparition de l’habitat naturel de ces animaux, qui renforce cette densité. « Le fait de couper la forêt, d’aller chasser un peu partout, ça favorise le contact entre l’animalqui porte le virus et la population humaine », abonde Antoine Gessain. «Plus des deux tiers des maladies infectieuses transmises à l’homme étaient à l’origine chez l’animal », complète Jeanne Brugère-Picoux. C’est le cas du Sras, transmis par la civette (un petit carnivore), d’Ebola, transmis par la chauve-souris, ou du Sida, transmis par le singe. Selon le projet Global Virome, qui a pour objectif d’améliorer la manière de faire face aux pandémies, il existe plus de 1,7million de virus non découverts au sein de la faune sauvage, dont près de la moitié pourraient être néfastes pour les humains.
Le coronavirus viendrait de la chauve-souris, selon les premières études.