20 Minutes (Nice)

Sauvages, les virus

Des milliers de personnes sont contaminée­s par le coronaviru­s chinois, dont l’origine est probableme­nt un animal sauvage.

- Lucie Bras

L’épidémie de coronaviru­s ravive des souvenirs douloureux en Chine. Il y a dix-sept ans, le virus du Sras, transmis par un animal, avait fait 800 morts. A l’époque, le contact avec des animaux sauvages avait été reconnu responsabl­e de l’apparition de l’épidémie. Dix-sept ans plus tard, ces animaux se consomment toujours sur les marchés chinois, et semblent être à l’origine du nouveau coronaviru­s, baptisé 2019-nCoV. La Chine vient d’interdire «temporaire­ment » leur vente par crainte d’aggraver l’épidémie. Serpents, rats, louveteaux, salamandre­s… On trouvait de tout sur les étals du marché de Wuhan, avant sa fermeture. « Les premières personnes concernées par le virus avaient toutes ce marché en commun», explique Jeanne Brugère-Picoux, professeur­e honoraire de l’Ecole nationale vétérinair­e d’Alfortvill­e. Selon les premières études, le coronaviru­s viendrait lui aussi d’un animal: la chauve-souris. Le volatile l’aurait transmis à une espèce mystère, qui aurait fini par contaminer l’homme. De leur côté, les chercheurs pointent du doigt la trop grande proximité entre les animaux et les hommes sur ces marchés. «C’est très lié à la densité de la population, précise Antoine Gessain, chef de laboratoir­e à l’Institut Pasteur.

La Chine est un pays très dense, dans lequel on achète des animaux sauvages, parfois vivants, pour les manger. Et ça, ce sont des facteurs de risques non négligeabl­es.» Sans oublier la disparitio­n de l’habitat naturel de ces animaux, qui renforce cette densité. « Le fait de couper la forêt, d’aller chasser un peu partout, ça favorise le contact entre l’animalqui porte le virus et la population humaine », abonde Antoine Gessain. «Plus des deux tiers des maladies infectieus­es transmises à l’homme étaient à l’origine chez l’animal », complète Jeanne Brugère-Picoux. C’est le cas du Sras, transmis par la civette (un petit carnivore), d’Ebola, transmis par la chauve-souris, ou du Sida, transmis par le singe. Selon le projet Global Virome, qui a pour objectif d’améliorer la manière de faire face aux pandémies, il existe plus de 1,7million de virus non découverts au sein de la faune sauvage, dont près de la moitié pourraient être néfastes pour les humains.

Le coronaviru­s viendrait de la chauve-souris, selon les premières études.

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La Chine vient d’interdire «temporaire­ment» la vente d’animaux sauvages sur ses marchés.

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