Gilles Simon s’agace de la gouvernance de son sport
Le joueur français Gilles Simon est très critique envers les instances de son sport
On pensait trouver un Gilles Simon remonté comme un coucou et il ne nous a pas déçu. Le 54e joueur mondial, connu pour ses positions arrêtées sur les rivalités entre les grandes instances dans le tennis, a constaté avec amertume que la crise provoquée par le Covid-19 n’avait rien changé.
Est-ce un soulagement de pouvoir vous entraîner à nouveau?
Ça m’a fait du bien de me poser et de laisser un peu la raquette. Pour l’instant, le circuit est suspendu jusqu’au 13 juillet, il risque d’y avoir une période assez longue pendant laquelle il va falloir se contenter d’entraînements, et peut-être de championnats nationaux par-ci par-là.
N’est-ce pas l’occasion de revoir l’organisation d’un sport où l’on voyage partout, tout le temps?
C’est au contraire une des forces du circuit. On est un sport qui se joue sur tous les continents, c’est pour ça qu’on a une base de plus d’un milliard de fans dans le monde entier. Le tennis est un sport qui se portait bien et, à la seconde où la crise sera terminée, ça reprendra comme avant. En revanche, je suis très critique sur la gouvernance du tennis pendant cette crise, où chacun veut sauver sa peau dans son coin.
Vous pensez à Roland-Garros, qui a choisi avant tout le monde la date de son report (20 septembre–4 octobre)?
Roland a pris cette décision parce qu’on lui laisse la place pour le faire. Le reste, c’est le bal des faux-culs. Tous les autres étaient en train de se poser la question de se positionner sur ces dates. L’US Open essaiera de se sauver de la même façon, on ne sait pas encore comment. En déplaçant Roland-Garros, la fédération n’a pas pensé à sauver le circuit, mais à sauver le tournoi, les emplois, et je le comprends.
Que pensez-vous de l’hypothèse d’un tournoi à huis clos?
L’intérêt de la fédé est que ça se joue, et si elle peut récupérer un peu de revenus de droits TV, elle le fera. Le huis clos peut être un moindre mal dans un premier temps. On préfère tous jouer dans un Central plein, mais parfois il n’y a pas un rat sur le court 18, j’y vais quand même parce que j’adore le tennis. La vraie question, c’est plutôt ce que va décider Roland-Garros si tous les joueurs ne peuvent pas venir en raison des règles sanitaires.
La question est aussi celle de la survie des joueurs pros mal classés…
Il n’y a pas assez de joueurs de tennis professionnels qui gagnent leur vie.
Le tennis génère des milliards d’euros, mais le problème, c’est la courbe entre ce que gagne le premier, le centième et le millième. Le n° 1 prend tout par rapport au numéro 100, qui est pourtant un monstre dans une discipline aussi concurrentielle! L’arrêt forcé du circuit a mis en lumière que les joueurs ne sont pas protégés et qu’à la fin c’est à nous de payer ceux qui ne gagnent pas d’argent! Quand les joueurs n’ont aucune représentation, voilà ce qui arrive. Ce qu’il faut, c’est une représentation unique, qui donne une position commune, comme en NBA quand il y a un lock-out.