20 Minutes (Nice)

Les Girondins de Bordeaux au bord de l’implosion

Finances, supporteur­s, dirigeants... Le club bordelais traverse une grave crise sur fond de conflit entre la direction et les Ultramarin­es

- A Bordeaux, Clément Carpentier

Ils ne cessent de creuser. Et pourtant, les Girondins n’ont pas encore touché le fond. Entre le manque d’investisse­ment sportif, la colère des supporteur­s envers la direction et le silence assourdiss­ant du propriétai­re, la situation du club est critique.

La situation économique est la plus alarmante. Elle découle d’un rachat effectué grâce à des prêts et non des fonds propres. Les dettes sont très importante­s (25 millions d’euros de déficit la saison dernière) et la crise sanitaire n’a rien arrangé. Selon nos informatio­ns, malgré l’accord salarial passé avec les joueurs et le prêt de la LFP, les pertes liées au Covid-19 pour les Girondins se chiffrent d’ores et déjà à 14 millions d’euros. King Street, le fonds d’investisse­ment américain propriétai­re du club, pourrait donc présenter un bilan comptable négatif de plus de 50 millions d’euros cette saison.

Le conflit qui oppose la direction du club et les Ultramarin­es, lui, a pris une nouvelle dimension avec la publicatio­n par le plus grand groupe de supporteur­s bordelais des «Girondins leaks». Des enregistre­ments réalisés à l’insu des dirigeants bordelais et publiés sur les réseaux, dans lesquels on entend la direction s’en prendre aux Ultramarin­es, à l’intégrité d’un journalist­e ou à d’anciens joueurs.

Le maire demande des comptes

Face à cette situation, Frédéric Longuépée (PDG des Girondins) a annoncé le dépôt de plaintes. Il doit aussi faire face à des problèmes internes : un agent menace d’attaquer des responsabl­es du club en justice alors qu’un autre a saisi la Fifa pour des transferts qu’il juge illégaux. Un contexte qui fait même réagir les politiques locaux. Le maire, Nicolas Florian, souhaite recevoir les dirigeants de King Street pour leur «demander des comptes». Autre rendez-vous important à venir, celui devant la DNCG. L’enjeu est simple pour Pierre Rondeau, économiste du sport : «Elle veille avant tout à la solvabilit­é des comptes et le risque à Bordeaux, c’est que le fonds d’investisse­ment se désengage. Là, c’est sanction et relégation administra­tive. » King Street devra donc réaliser une nouvelle «lettre de confort », c’est-à-dire se porter garant des dettes. Elle sera faite «si nécessaire», confie un proche. L’option d’une vente du club à court terme, elle, serait toujours écartée. King Street souhaitera­it attendre les nouveaux droits TV et obtenir l’exploitati­on du Matmut Atlantique avant de revendre. En interne, Frédéric Longuépée peut-il démissionn­er? «Non!», répond l’un de ses proches. King Street peut-il nommer une nouvelle direction ? Impossible à dire aujourd’hui. Mais le fonds d’investisse­ment suit tout ça de très près, à l’image de la nomination au conseil d’administra­tion de Jean-Charles Cazes, directeur du domaine viticole Lynch Bages et amoureux des Girondins. Ce Bordelais est surtout une connaissan­ce directe du milliardai­re Brian Higgins, cofondateu­r de King Street. Seule chose certaine, le propriétai­re va devoir réagir avant que le trou creusé ne se transforme en tombe.

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Les ultras ont révélé des enregistre­ments compromett­ants pour leurs dirigeants.

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