Dans les théâtres en crise, « on est proche de la faillite »
Le secteur est confronté à une crise inédite qui fait craindre une lente reprise dans les Alpes-Maritimes
« Au moment du confinement, j’ai annulé 88 représentations, remboursé 60 000 places, ce qui fait un total de 1,2 million d’euros de remboursement », énonce Daniel Benoin, directeur du théâtre Anthéa, à Antibes. Rouvert lundi, l’établissement subit la crise du secteur de plein fouet. Annulations de représentations, remboursement de spectateurs, entretien du théâtre : beaucoup de dépenses et aucune recette.
« Six mois sans revenus »
« Un théâtre à vide est très cher », abonde Thierry Surace, président de l’association du théâtre de la Cité de Nice. « La compagnie a perdu entre 50 et 70 contrats durant cette période.
Et on a perdu le festival d’Avignon », déplore celui qui est aussi le directeur artistique de la compagnie Miranda. Et la programmation du Théâtre de la Cité ne débutera qu’en septembre. « On aura six mois sans aucun revenu, donc on va avoir des dettes », souligne Thierry Surace.
Aux pertes financières s’ajoute la crainte d’une reprise en demi-teinte, puisque l’accueil du public est limité. « Les textes de loi préconisent une personne tous les 4 m2. Ce qui fait une salle de 45 personnes », explique le responsable. Même son de cloche du côté d’Anthéa. Daniel Benoin a même décidé de repousser la date de reprise à novembre : « En commençant le 3 novembre, je fais le pari qu’il n’y aura plus de distanciation physique. Je calcule en ayant des salles pleines. C’est capital pour nous. S’il y a une place sur deux, je suis mort. » « Je pense que cette crise va freiner l’activité du théâtre. Nous ne serons peut-être revenus au niveau initial qu’en 2022 », augure-t-il. « Pour le moment, on ne voit même pas à moyen terme, déclare de son côté Thierry Surace. Le problème financier est lourd. On est proche de la faillite. On y arrivera, mais c’est un travail humain colossal. »