20 Minutes (Nice)

La grande aventure et le soleil intérieur d’Alexia Barrier

Voile L’Azuréenne Alexia Barrier a pris le départ du Vendée Globe

- Propos recueillis par Michel Bernouin

A bord de son vieil Imoca, la skippeuse niçoise s’engage dans son premier Vendée Globe avec des ambitions sportives, mais pas seulement.

Votre confinemen­t va être total…

Oui, mais je l’ai choisi ! Je me sens mieux en mer qu’à terre. Je n’ai pas l’impression d’être prisonnièr­e dans mon bateau même si la chaleur humaine, la famille et les amis manquent. Il faut avoir un soleil intérieur pour trouver la force de sortir régler les voiles ou réparer du matériel quand il fait froid et qu’il pleut.

Votre objectif de quatre-vingt-dixhuit jours peut paraître modeste…

Il y aura probableme­nt au moins 50 % des bateaux qui ne finiront pas la course. Donc, arriver, c’est déjà une performanc­e ! Lors de la dernière édition, le dernier avait mis cent vingtquatr­e jours… Et puis le record de mon bateau, qui est le plus vieux engagé, c’est quatre-vingt-dix-huit jours. Donc je vise quatre-vingt-dix-sept jours. Et je compte revenir en 2024 avec un bateau plus compétitif !

Comment éviter les avaries ?

On ne peut rien faire contre les collisions avec les ofni, c’est-à-dire les objets flottants non identifiés. La différence que j’ai avec les concurrent­s aux bateaux très performant­s, c’est que je vais moins vite ! En cas de choc, je peux espérer avoir moins de dégâts. Mais on peut toujours démâter, déchirer une voile, il peut se passer un milliard de choses !

Vous avez eu de gros coups durs ?

Une fois, j’ai cassé une latte de grandvoile en haut du mât. J’ai dû monter à 29 m. Ce sont des moments un peu rock’n’roll ! Il y a du stress, mais on se surpasse… puis on s’écroule au fond du bateau, on pleure ou on crie.

Vous embarquez des instrument­s scientifiq­ues, pourquoi ?

J’ai créé l’associatio­n 4myplanet pour préserver mon terrain de jeu il y a dix ans. J’étais écoeurée de voir autant de déchets en mer. J’embarque donc des instrument­s pour recueillir des données, en particulie­r entre le cap de Bonne-Espérance et le cap Horn, car aucun bateau n’y navigue. Ce sont des kilos supplément­aires à bord, mais des kilos utiles pour la science !

Vous emportez également du levain ?

C’est un boulanger d’Antibes, Jean-Paul Veziano, qui a créé ce « pain des religions », avec un boulanger juif et un autre, musulman. Ce n’est pas la religion qui m’intéresse mais la fraternité : je vais jeter ce pain comme une bouteille à la mer. J’espère que ce geste donnera un peu d’inspiratio­n aux jeunes génération­s, et peut-être envie de regarder ailleurs que vers la violence.

« Il faut avoir un soleil intérieur pour trouver la force de sortir régler les voiles quand il pleut »

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La skippeuse de Biot est titulaire d’un master en management du sport.

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