Une combinaison de handicaps
Ressentir pour mieux comprendre, c’est le but des démos de l’Adhap auxquelles nous avons participé
« Une fois que vous aurez mis la combinaison, on va vous faire monter un escalier, prendre un verre d’eau, manger, ou même vous faire marcher… Pour en parler faut essayer. » Yvan Guiraud, gérant de l’Adhap (aide à domicile, hygiène et assistance aux personnes) de Rosny-sous-Bois (SeineSaint-Denis) m’accueille ce jour et annonce la couleur. Au programme : présentation et test d’une combinaison de vieillissement. « Elle a pas loin de 10 ans, mais elle traite 90 % du sujet. » Le sujet ? Comprendre, ressentir l’entrave que représente une maladie
Ce dispositif sert à faire ressentir l’entrave d’une maladie handicapante.
handicapante ou l’usure d’un corps de 80 voire 90 ans, dans le but de « sensibiliser notre personnel mais surtout les familles de nos clients et leurs proches aux effets du vieillissement ». Une conversation à propos du Covid et des mesures gouvernementales plus tard, j’abandonne ma carcasse (relativement) neuve des années 1990 pour prendre place dans un vieux modèle type années 1930.
Et ça commence par la vue. Casque sur les yeux, ma vision devient jaunâtre
et surtout très limitée. Fermez un oeil, retranchez la moitié du champ de vision qu’il vous reste. Voilà où j’en suis. On me met un casque sur les oreilles, des gants, un harnais, des genouillères et des coudières rigides. « Imaginez que vous souhaitiez aller chercher le pain », lance Yvan Guiraud. Là, je me retrouve dans une vraie situation de handicap. Impossible de replier les bras jusqu’au torse pour boutonner ma chemise, impossible de me pencher pour lacer des chaussures. Je me lance dans les escaliers. Je parviens à les monter, mais doucement.
Une expérience saisissante
Toujours aussi diminué, je décide de reprendre des forces et d’attaquer le petit-déjeuner : une madeleine et un verre d’eau. Je pose mes fesses tant bien que mal sur la chaise, attrape à deux mains ma boisson et… quelle galère ! J’avance mon cou façon tortue pour boire et découpe ma madeleine comme je peux. Une fois à table, difficile d’entendre les autres personnes dans la pièce, je dois choisir entre fixer mon assiette, ma gauche ou ma droite.
Avant de me rajeunir, Yvan Guiraud me fait essayer un dernier objet, des gants qui simulent les conséquences physiques de la maladie de Parkinson grâce à des impulsions électriques. Mes mains s’engourdissent, tremblent et me font mal. « Voilà ce que peut vivre une personne à qui, par exemple, on a oublié de donner son traitement quotidien. » Une dernière expérience saisissante avant de quitter les lieux, heureux d’avoir retrouvé toute ma santé.
« Impossible de replier les bras, impossible de me pencher pour lacer mes chaussures. »