20 Minutes (Nice)

Alex a-t-elle sauvé la « Nice-Cunéo » ?

Après la tempête, la ligne du « train des merveilles » apparaît comme le moyen le plus efficace pour circuler dans la vallée de la Roya

- Michel Bernouin

Dans le fracas du décollage d’un hélicoptèr­e venu apporter, ce 6 octobre, quatre jours seulement après la tempête Alex, l’aide d’urgence dont dépend la survie de ses administré­s, le maire de Tende est soulagé, mais pas dupe : le salut de sa commune ne viendra pas toujours des airs, mais « par le train ». Par la ligne ferroviair­e NiceCunéo, inaugurée en 1928.

Un mois et demi plus tard, la noria d’hélicoptèr­es s’est envolée. Passé le temps de l’urgence, celui de la reconstruc­tion débute. Une piste vient d’ouvrir, mais l’espoir réside plus que jamais dans le chemin de fer. Il y a d’abord eu la draisine, ce petit train de service qui, le premier, a permis de rejoindre la gare de Fontan-Saorge avec vivres et matériel lourd. Puis le TER moderne y est parvenu à vitesse très réduite. Il a fallu attendre le 19 octobre pour qu’il puisse rallier Saint-Dalmas-de-Tende, où un quai provisoire a été assemblé à 1,5 km de la gare. Le 24, Tende a été désenclavé­e par le nord, avec l’arrivée du premier train italien venu de Limone.

Réouvertur­e le 18 janvier

Pour ce « train des merveilles », un retour à une circulatio­n identique à l’avant Alex avait été annoncé pour la mi-février. « La région a demandé à SNCF Réseau de faire mieux, confie le sénateur Philippe Tabarot, aussi conseiller régional. Des moyens considérab­les ont été déployés. Nous espérons une réouvertur­e dès le 18 janvier.» Un calendrier soumis à la météo, mais aussi à une mauvaise surprise : après la gare de Fontan, un « mur à arcatures », supportant la voie sur près de cent mètres, glisse inexorable­ment. La SNCF a lancé une opération de sauvetage du viaduc centenaire, mais « ce tassement va nécessiter de suspendre la circulatio­n des trains à compter de samedi et jusqu’à la fin de l’année », annonce Karim Touati, directeur SNCF Réseau en Paca.

Le chantier consiste à « clouer » l’ouvrage avec des tiges de 12 à 15 m. Dans le même temps, des travaux sont menés sur deux autres ouvrages fragilisés. Coût estimé de ces interventi­ons d’urgence : 30 millions d’euros. Mais, pour pérenniser la ligne à long terme, il faudra dépenser des dizaines de millions d’euros supplément­aires.

« La région récupère 100 % du financemen­t entre Nice et Breil-sur-Roya, ce qui représente environ 50 millions d’euros pour entretenir la ligne, calcule Philippe Tabarot. Pour la partie haute, de Breil à Tende, une convention francoital­ienne est en renégociat­ion. »

C’est l’une des particular­ités de cette ligne transfront­alière : une convention internatio­nale, héritée des sanctions de la Seconde Guerre mondiale, régit son financemen­t. Or, depuis dix ans, un bras de fer entre la France et l’Italie a conduit à une baisse des investisse­ments, synonyme de délabremen­t de cette ligne riche de cent ouvrages d’arts.

Mais après des années d’incertitud­e, les ravages de la tempête viennent peut-être de sauver « la Nice-Cunéo » en prouvant combien cet axe représente une « ligne de vie » pour les habitants de la Roya.

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Des travaux d’urgence sont en cours sur un ouvrage menacé près de Fontan.

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