L’affaire DSK, et après ça
La série documentaire sur la chute de Dominique Strauss-Kahn révèle combien notre regard a changé sur l’affaire
Près de dix ans après, « l’affaire DSK » embarrasse encore. A tel point que la plupart des responsables politiques de l’époque refusent d’en parler. On ne trouvera donc dans « Chambre 2806, L’affaire DSK », série documentaire qui sort sur Netflix le 7 décembre sur la chute de l’ancien patron du FMI, ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy, ni Dominique Strauss-Kahn lui-même. Mais une galerie de personnages passionnants, au-dessus desquels trône Nafissatou Diallo, son accusatrice, qui avait raconté une tentative de viol.
L’étincelle de MeToo
L’occasion de mesurer la distance parcourue depuis tout ce temps en matière de perception des violences sexuelles, alors que cette affaire apparaît aujourd’hui, pour nombre de spécialistes, comme l’étincelle qui a enclenché la révolution MeToo. Les JT de l’époque répètent en boucle par exemple, que DSK est accusé de tentative d’agression sexuelle, alors qu’il s’agit de tentative de viol. On le présente comme un Don Juan, un séducteur. « Nous ne pouvons pas croire à sa culpabilité », affirme même un ancien premier secrétaire du Parti socialiste, sans compassion pour son accusatrice. Dans les micros-trottoirs filmés, citoyens et citoyennes rejettent aussi violemment cette hypothèse : c’est sans doute un complot. «Le rêve DSK est trop beau pour disparaître. Personne ne veut que cela s’effondre. Lâcher son favori paraît inimaginable», résume Philippe Levasseur, qui a eu l’idée de proposer cette série sur DSK à Netflix.
Dix ans plus tard, « le point de vue des gens a changé, et tant mieux », avance Jalil Lespert, le réalisateur. « Chambre 2806, L’affaire DSK» ne prétend pas soutenir l’une ou l’autre version des faits. Philippe Levasseur tient d’ailleurs à rappeler que DSK n’a pas été condamné. « C’est très nébuleux pour tout le monde, conclut Jalil Lespert. C’est le type d’affaire où chacun a sa vérité. Mon envie était donc d’éclairer au maximum les faits pour que les Français puissent se dire : “C’était donc ça”. »