20 Minutes (Nice)

«Emi, c’était un grand frère»

Ami d’enfance et ancien coéquipier, Valentin Vada revient sur la disparitio­n d’Emiliano Sala, il y a deux ans

- Propos recueillis par Clément Carpentier, à Bordeaux

Avant de devenir coéquipier­s sous le même maillot, celui des Girondins, Emiliano Sala et Valentin Vada ont fait toutes leurs classes ensemble, dès leur plus jeune âge, au Proyecto Crecer (club partenaire des Marine et Blanc), puis au sein du centre de formation du club bordelais. Les familles des deux Argentins sont très proches. Entre Emiliano et lui, c’était une amitié de presque vingt ans, avant que le premier ne disparaiss­e tragiqueme­nt, il y a deux ans. Pour la première fois, l’ancien milieu de terrain des Girondins, aujourd’hui à Tenerife en D2 espagnole, se confie à 20 Minutes.

Vous rappelez-vous ce 22 janvier 2019 ?

C’était le matin, j’allais à l’entraîneme­nt et il y avait Sergi Palencia [un coéquipier espagnol] dans les vestiaires… Il m’a dit : «Tu as vu ce qu’il s’est passé avec Emiliano?» J’ai tout de suite pris mon téléphone et regardé les informatio­ns. Je suis directemen­t allé sur le WhatsApp d’Emi et j’ai vu qu’il ne s’était pas connecté depuis longtemps. J’ai envoyé des messages, sans réponse. Je me suis dit, il y a quelque chose. J’ai appelé mon papa et son frère, on ne voulait

Les deux Argentins ont été formés ensemble aux Girondins de Bordeaux.

pas y croire. Ensuite, je suis sorti m’entrainer, mais je n’y arrivais pas. Au bout de dix minutes, Ricardo [l’entraîneur des Girondins à cette époque] m’a dit : «Rentre, il n’y a pas de problème Valé [son surnom].» J’ai pris mes affaires, je suis rentré chez moi et j’ai commencé à prendre des contacts. On était tous désespérés, on n’y croyait pas.

Comment va sa famille aujourd’hui ?

C’est très difficile. Perdre un fils pour une mère, c’est horrible. En plus, Emi était l’un des piliers de sa famille, ça a été très dur sur le moment. Depuis, il y a aussi eu le décès de son papa. Aujourd’hui, c’est encore très douloureux pour sa mère, sa soeur et son frère. Et ce sera le cas toute leur vie. Pour moi aussi, d’ailleurs.

Quelle image gardez-vous de lui ?

D’un grand frère ! On a tellement vécu de choses ensemble, des moments difficiles, des moments joyeux pour tous les deux. Ses moments forts, c’étaient aussi les miens. Tout ce qu’il lui arrivait,

ça me faisait plaisir. Et l’inverse était également vrai. Aujourd’hui, je garde pour en moi notre amitié. Je n’oublierai jamais tous ces moments avec lui, en Argentine et en France, et je remercie Dieu de m’avoir permis de croiser Emi dans ma vie.

Comment vivez-vous tous les hommages depuis deux ans ?

Tout ce qui se fait en mémoire d’Emi, ça me fait plaisir. Ça fait aussi plaisir à sa famille, car Emi, c’est quelqu’un qui a tout donné dans sa vie. Mais j’aurais aimé qu’une partie de tout cela se fasse avant [sa disparitio­n]. Je crois qu’il méritait tous ces hommages avant de partir. Il était enfin en train de se faire un nom et de recevoir des compliment­s car il progressai­t. Son talent commençait à être reconnu. C’était un grand joueur, un guerrier, un homme humble qui donnait tout pour sa famille, pour ses proches et pour le football. Il ne méritait vraiment pas cette fin.

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