Un débat de l’Intérieur
Le « Beauvau de la sécurité », grande concertation consacrée à la police et à la gendarmerie voulue par Emmanuel Macron, est présenté aux syndicats, ce lundi.
Le lancement du «Beauvau de la sécurité » n’aura lieu que dans quelques jours. Mais, ce lundi à 15 h, cette concertation nationale consacrée aux forces de l’ordre, annoncée par Emmanuel Macron le 8 décembre, va être présentée aux syndicats policiers et aux représentants de la gendarmerie. Objectif : « Améliorer les conditions d’exercice » des forces de l’ordre et «consolider» leurs liens avec les Français.
> Qui y participera? Organisé jusqu’en mai sous le format « grand débat », le « Beauvau de la sécurité » réunira tous les quinze jours des représentants des forces de l’ordre, «des experts français et internationaux ainsi que des maires et des parlementaires », détaille le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Le président de la République avait également indiqué qu’il comptait intervenir « personnellement ». Deux des trois principaux syndicats policiers, Alliance et UnsaPolice, qui avaient d’abord indiqué boycotter la concertation, ont annoncé leur participation après que Gérald Darmanin a accepté leurs conditions, notamment sur la « réponse pénale » ou sur des mesures sociales, comme la gratuité des transports pour les policiers. « C’est un message adressé à l’opinion publique, analyse Mathieu Zagrodzki, coauteur du livre Vis ma vie de flic [Hugo Document]. Il s’agit pour le gouvernement de dire qu’il s’empare du problème et qu’il implique la population. »
> Quels thèmes seront abordés ? Lors de ces séances seront abordés les «sept péchés capitaux» exposés par Gérald Darmanin fin novembre devant la commission des lois de l’Assemblée nationale. Il s’agit de la formation, l’encadrement, les moyens humains et matériels, la captation de vidéos, la réforme de l’IGPN (la police des polices), et le lien entre forces de l’ordre et population, dégradé par la succession d’affaires de violences policières. A la demande d’Alliance, le ministre de l’Intérieur a décidé d’ajouter un «huitième chantier», celui de «la relation à l’autorité judiciaire».
> A quoi cela va-t-il servir? « Je ne vois pas vraiment ce qu’un Beauvau de la sécurité peut changer pour les policiers par rapport à leurs attentes, qui concernent les moyens, les ressources, la législation…, observe Mathieu Zagrodzki. Il n’y a pas besoin d’un Grenelle de la sécurité. Ça passe par des négociations directes avec le ministère de l’Intérieur. » Est-ce que ce « Beauvau de la sécurité» peut contribuer à améliorer les relations entre la police et la population ? Là encore, le chercheur est sceptique : « C’est un bon début, l’initiative est louable. En revanche, il ne reste qu’un an avant la présidentielle, et il s’agit de changements qui, s’ils devaient advenir, prennent énormément de temps. La campagne va forcément venir perturber un peu les choses. »