Le retour de la culture, un voeu pieux d’Estrosi ?
La volonté de Christian Estrosi de rouvrir les cinémas, les théâtres et les musées après l’été pourrait être compliqué à appliquer
«Je propose de fixer au 15 septembre de manière irrévocable la date de réouverture des institutions culturelles» à Nice. Par cette phrase, lundi, Christian Estrosi a fait naître « du rêve et de la sérénité » chez certains ou de l’indifférence chez d’autres. Toujours est-il que, d’un point de vue juridique et médical, cette décision ne dépend pas que de ses pouvoirs. Tour d’horizon des acteurs locaux concernés pour y voir plus clair.
Juridiquement, c’est possible, mais il y a un «mais». «Le maire peut exercer son pouvoir de police générale et prendre de telles mesures à condition qu’elles soient dûment justifiées et proportionnées», indique Me Riadh Jaidane, avocat au barreau de Nice. «Il appartient au maire de partir des mesures de prévention et de réduction
de l’épidémie prises au niveau national et de vérifier s’il est nécessaire de les adapter au niveau local par des arrêtés particulièrement motivés.» Il précise qu’une concertation avec le préfet est nécessaire puisqu’il est le représentant juridique de l’État.
Oui pour le corps médical, sous conditions. « Pour que ce soit réalisable, il nous faut beaucoup de chance et des vaccins. Si ce n’est pas possible, il faudra des protocoles sanitaires stricts adaptés à chaque événement culturel. Si le virus circule
toujours, les mesures ne seront pas les mêmes pour un concert en salle fermée avec 8 000 personnes ou un musée en plein air », résume Éric Denis, infectiologue à la clinique Saint-Jean de Cagnes-sur-Mer. D’après lui, c’est possible « dans le meilleur des mondes, si toute la population est vaccinée et que ces vaccins sont efficaces face aux différents variants, ». Il complète : « On a peu de recul sur les vaccins et il reste encore beaucoup d’inconnues. En étant optimiste, on peut dire qu’on a le temps d’arriver en septembre et on espère revenir à cette vie normale.»
Ce serait «une merveilleuse nouvelle» pour le secteur. Pour Thierry Duchêne, directeur des cinémas Le Rialto et le Variétés, l’annonce du maire ne change rien. « Personne n’en sait rien, on n’a pas reçu de mail de la fédération, on reste dans l’attente tout en espérant pouvoir rouvrir avant. » Du côté du théâtre national de Nice, Muriel Mayette-Holtz, la directrice, est plus enthousiaste : ce serait « une merveilleuse nouvelle. On avait besoin de ça. Nous sommes épuisés de décaler tous les quinze jours ». Rassurée d’avoir une date à laquelle se raccrocher, elle est sûre de la faisabilité de cette mesure. « Il nous a donné un peu de rêve et de sérénité. On sera actif tout l’été et ce que je prévois en automne, je suis maintenant assurée que cela marchera. »
Applicable ailleurs ? Plusieurs communes voisines de Nice contactées par 20 Minutes n’ont pas souhaité s’exprimer. La ville de Cannes explique, elle, simplement, qu’elle « garantit une offre culturelle toute l’année» et qu’elle le fera « en présentiel quand le sanitaire le permettra».