«On prévoit tout au dernier moment»
Le 136e joueur mondial, Arthur Rinderknech, raconte la galère du circuit secondaire
Pas facile de gravir les échelons du tennis mondial par les temps qui courent. Le Français de 24 ans Arthur Rinderknech, 136e joueur mondial, écume le circuit professionnel «secondaire» depuis seulement deux ans et demi. Son ascension se veut linéaire et rencontre un succès honorable. Mais l’incertitude engendrée par le contexte sanitaire couplée au besoin de points pour grimper au classement rendent plus difficile la programmation d’une saison de tennis hors du top 100.
A quoi a ressemblé votre calendrier de début d’année ?
Il y avait évidemment les qualifications de l’Open d’Australie, qui étaient un bel et gros objectif. On a été assez longtemps dans l’incertitude, compte tenu de la situation, on ne savait pas si elles se tiendraient en Australie ou ailleurs.
Les joueurs voient leur quotidien fortement impacté par la pandémie.
Ensuite, on a su que ça se ferait ailleurs, mais sans endroit précis, et on a finalement su une semaine avant que ça se ferait à Doha (Qatar). Il a fallu s’acclimater à d’autres conditions au dernier moment. Tout prévoir au dernier moment, c’est ce qu’il se passe depuis un an.
Vous ne passez pas loin du tableau principal à l’Open d’Australie…
J’ai perdu au dernier match des qualifs après deux rencontres intéressantes. Quand je regarde ce qui s’est passé làbas et les deux semaines de quarantaine
stricte que les qualifiés ont eu à observer en arrivant, je ne suis pas si mécontent d’avoir perdu. Je ne pense pas qu’aller m’enfermer deux semaines dans une chambre d’hôtel aurait été la meilleure décision sportive.
En gros, ce n’était pas rentable de ruiner une préparation physique pour se prendre trois sets par Djokovic dans la foulée au premier tour?
C’est ça. On ne peut pas savoir sur qui on va tomber, mais vu comme la situation était délicate, c’était un risque que j’ai préféré ne pas prendre pour m’assurer de jouer trois, quatre ou cinq tournois sur le même laps de temps. En tant que potentiel «lucky loser», je serais rentré [dans la bulle], mais j’aurais été le dernier ou l’avant-dernier. Donc j’aurais été dans l’incertitude tout le temps, et psychologiquement ça aurait été difficile de faire ces deux semaines de quarantaine stricte enfermé dans ma chambre sans savoir si j’allais jouer.
Pour vous qui aspirez à gravir des échelons à l’ATP et qui êtes dans une phase ascendante, à quel point tout ceci est pénalisant ?
C’est délicat. Du point de vue de la programmation, on n’est jamais sûr de ce qui va se passer dans les prochaines semaines, donc on a tendance à se dire : «Je joue tant que je peux, on ne sait pas ce qu’il va se passer donc j’enchaîne.» Et puis, on se rend compte que ce n’est pas la bonne solution. Il faut continuer à travailler, faire ses semaines d’entraînement qui sont importantes et ne pas tomber dans le piège de jouer toutes les semaines et aller à la chasse aux victoires. Parce que les victoires ne viennent qu’avec le niveau de jeu et les progrès passent par l’entraînement.